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vingt-troisième runo

veaux, afin que la chambre devienne propre et luisante, comme il convient dans une maison bien ordonnée !

« Écoute, ô jeune fille, ce que je te dis, prête l’oreille à mes paroles : ne te livre point à tes occupations sans vêtements, ne fais point le ménage sans chemise, ne va point sans mouchoir à ton cou, sans souliers à tes pieds ; ton fiancé pourrait en être choqué, ton jeune époux pourrait s’en irriter.

« Sois remplie de soins pour les sorbiers de la maison[1]. Les sorbiers de la maison sont sacrés, sacrées sont ses branches et ses feuilles, plus sacrés encore ses fruits, car c’est par eux que la jeune fille est enseignée, que l’enfant sans appui est formée, d’après le goût de son fiancé, d’après le cœur de son époux[2].

« Écoute avec l’oreille fine de la souris, marche avec les pieds rapides du lièvre, courbe ton jeune cou, ton cou blanc et pur comme un tendre genévrier, comme un frais rameau de putier !

« Sois toujours vigilante, toujours vigilante et attentive ; garde-toi de te laisser aller à la paresse, de t’étendre nonchalamment près du poêle, de tomber endormie sur ton lit !

« Si ton beau-frère revient de la charrue, si ton beau-père revient de son enclos, si ton époux bien-aimé revient d’abattre du bois, tu dois leur présenter de l’eau pour se laver, leur tendre la serviette, t’incliner devant eux bien humblement, leur adresser de douces paroles !

« Si ta belle-mère revient de l’aitta[3] avec la corbeille à farine sous le bras, cours au devant d’elle jusque dans la cour, salue-la bien humblement, prends-lui sa corbeille et porte-la toi-même dans la chambre.

  1. Le sorbier, comme il a déjà été dit, était regardé chez les Finnois comme un arbre sacré. Leur mythologie lui donne pour gardienne et protectrice une des suivantes de Tapio, dieu des forêts, nommée Pihlajatar.
  2. C’est-à-dire apprend comment elle doit plaire à son époux.
  3. Voir page 3, note 5.