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LE PROCÈS


sions de Demange, si précises, où il renouvelait son engagement de ne discuter que l’attribution, nullement l’origine de la lettre incriminée[1]. Mais ils ne seraient pas dupes des paroles dorées de ce civil. À l’unanimité, ils prononcèrent le huis clos.

V

La salle évacuée lentement par le public, les juges seuls y restent avec l’accusé et la défense. Derrière le conseil, Lépine, préfet de police, et Picquart, chargé par Mercier et Boisdeffre de leur rendre compte des péripéties du procès. Il leur faisait porter par Lauth des notes où il résumait les incidents et ses impressions[2].

Dreyfus, pendant ce premier incident, était resté immobile, muet, les yeux fixés sur les membres du conseil. Quand Maurel donna lecture du jugement, « ses joues se colorèrent vivement de rouge[3] ». Son premier espoir s’écroulait de faire éclater son innocence au grand jour, devant tout ce peuple, auprès duquel il était accusé d’un tel crime.

Mais ni son calme ni sa confiance ne l’abandonnèrent, et, quand Maurel procéda à son interrogatoire, après que le greffier Vallecalle eut donné lecture du rapport de D’Ormescheville, Dreyfus répondit avec son sang-froid habituel et une grande aisance. C’étaient toutes les ques-

  1. Voir Appendice XIII.
  2. Lettre de Picquart au garde des Sceaux, du 6 septembre 1898 : « J’ai assisté, par ordre du ministre de la Guerre, aux débats du conseil de guerre de 1894. » (Cass., III, 40). Zurlinden ; Rennes, I, 609, Lauth.
  3. Compte rendu de l’Autorité.