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L’ENQUÊTE


à présent que la partie était perdue et que toutes les bourses étaient fermées. Il était devenu, à Londres, des amis d’Esterhazy et se réglait sur lui.

Ainsi rien ne subsistait du témoignage de Cernuski. Il avait été, selon les uns, sans portée[1] ; au contraire, selon les autres, « il était tombé comme la foudre sur le conseil de guerre[2] », « avait jeté le désarroi dans les esprits[3] » et « aurait confirmé Billot dans sa conviction[4] ». Il eût fallu interroger les juges, et la Cour se l’était interdit.

Atthalin, ce premier résultat acquis, chercha à pousser plus avant, aux machinateurs de l’opération, car l’homme, certainement, a été guidé, documenté ; les noms de ses prétendus informateurs (Schœnebeck et Mosetig), lui ont été fournis[5] ; surtout, Mareschal et François, dans la louche aventure qui a conduit à la démission de Galliffet, ont paru intéressés à écarter des curiosités inquiétantes[6]. Wessel, enfin, silencieux, disparu pendant trois ans, a recommencé à accuser.

Relâché après quelques semaines de prison à Nice, lors de l’arrestation qu’il imputait à la trahison de Mareschal[7], l’ancien officier allemand s’était fait prendre de nouveau, en 1903, cette fois en Italie, à San Remo ; le

  1. Cour de cassation, 29 mars 1904, Paléologue.
  2. Enquête Atthalin, 14 mai 1904, Deglas.
  3. Lettre de Chamoin à Galliffet, du 4 septembre 1899. — Il ajoute cependant : « Sauf l’incident Cernuski, qui ne peut être qu’un ballon facile à crever, l’audience d’aujourd’hui est plutôt favorable. » — Mornard eut la même impression que Chamoin. (Revision, II, 371.)
  4. Cour de cassation, 19 mars 1904, Targe : « Le général Billot déclarait au général André que la déposition Cernuski avait confirmé sa conviction. »
  5. Voir t. V, 460 et 471.
  6. Voir p. 99 et 118.
  7. Voir p. 100.