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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


saire[1], que les commissaires (spécial et central) sont invités « à ne pas l’ennuyer pendant sa mission ». Wessel veut aviser Tomps ; Mareschal le lui défend[2]. (3 avril.)

Aucun des deux commissaires ne fut prévenu[3] ; seul, le consul d’Allemagne le fut. Le 6, alors que Wessel s’est arrêté pour un jour à Marseille, le consul vient trouver le commissaire central, lui dit que l’escroc est à Nice et le requiert d’exécuter le mandat d’amener. Wessel arriva le lendemain, s’acquitta rapidement, à son ordinaire, de sa mission, qui était d’embaucher un Allemand en relations avec la maison Krupp, et serait reparti le 8, si Mareschal ne lui avait annoncé des instructions pour le 10. Le 9, il fut arrêté et écroué.

Wessel, dès que le commissaire central lui dit qu’il n’a pas été averti par Mareschal, n’a pas un doute : « Le capitaine m’a envoyé pour me faire arrêter. » Et, tout de suite, il menace : « Je ferai des révélations, j’en sais long sur le témoignage de Cernuski[4]. » — C’est

  1. Procès Dautriche, 630, lettre de Mareschal du 18 avril 1900, à Wessel, prison cellulaire à Nice : « Toutes les précautions avaient été prises, comme la première fois, mais je crois que le consul étranger a dû avoir connaissance de votre séjour à Nice, et qu’il a dû forcer la police à vous arrêter, sans qu’on ait pu vous prévenir. » — Voir p. 101.
  2. Enquête Trotabas, rapport Wessel, et procès-verbaux du commissaire central de Nice. — Procès Dautriche, 513, Cavard ; 581, Boissière.
  3. Procès Dautriche, 581, Boissière, commissaire central : « Je n’ai rien reçu, personne ne m’a avisé, aucun officier, aucun civil, personne. » — 661, Nogier, commissaire spécial : « Je n’ai été averti par personne, ni militaire, ni civil, de l’arrivée de Wessel et de l’éventualité de son arrestation. » — Lieutenant-colonel Rabier, commissaire du gouvernement : « Je prie les membres du conseil de constater que les deux commissaires qui, seuls, pouvaient mettre Wessel à l’abri de tout ennui, n’ont été ni l’un ni l’autre avertis. »
  4. Ibid., 519, Boissière.