Freycinet couvrit Zurlinden qui, « en maintenant l’interdiction de communiquer, s’est conformé à la loi ; mais, précisément parce que la loi y a obligé le gouverneur militaire, le ministre adhère à la proposition »[1].
Zurlinden releva le défi de ces civils. Tavernier, dès le lendemain[2], prononça la clôture de son instruction, ce qui rendait inefficace toute communication ultérieure de Picquart avec son conseil. Trois jours après, il remit au commissaire du Gouvernement (Foulon) son rapport, qui concluait au renvoi devant un conseil de guerre, et il autorisa alors Labori à conférer avec Picquart (19 novembre). Par une autre dérision, il avait attendu jusqu’alors pour donner connaissance à Picquart de la note accusatrice de Zurlinden, « lorsqu’il lui était interdit d’y répondre »[3].
Le rapport de Tavernier égalait, dépassait celui de d’Ormescheville.
Tavernier, ne pouvant faire autrement, convenait que ni les surcharges ni les grattages « n’avaient altéré la nature du document incriminé, qui présentait actuellement les mêmes caractères qu’au moment de son arrivée à la section de statistique ». Cependant, c’était un faux. Contre Picquart et contre Dreyfus, on avait toujours un système de rechange. Peu importait qu’ils fussent contradictoires, pourvu que chacun servît, pendant quelques jours, à perpétrer un abus de pouvoir ou à prolonger l’injustice. Le mensonge, avéré, d’hier ne nuisait nullement au mensonge, encore intact, du jour. Tout cela