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LA CHUTE DE MÉLINE


fus » ; un billet de la comtesse Marie de Munster avec ces mots : « On a trop jasé » ; un billet de Panizzardi : « J’ai revu M. Dubois…[1] » ; un lot de fragments informes, antérieurs au procès de Dreyfus, venus par le cornet ; soixante-quatorze pièces, postérieures à la condamnation du juif, lettres ou fragments de lettres volés dans les ambassades, traitant de sujets parfaitement étrangers à l’affaire, surtout d’histoires de femmes ; une correspondance obscène, de grosses plaisanteries germaniques de corps de garde[2] ; le dossier dit des aveux[3] ; et ses principaux faux, les trois lettres de Panizzardi et de Schwarzkoppen, qu’il avait fait fabriquer par Lemercier-Picard ; le brouillon, postdaté, de la lettre de l’attaché autrichien[4], et cette autre lettre de l’attaché allemand où il avait gratté un nom d’espion pour y substituer l’initiale de Dreyfus[5] ; en tout, trois cent soixante-treize pièces. Il garda en réserve (d’accord, apparemment, avec Gonse et Boisdeffre) les photographies du bordereau annoté. Mercier s’en était fait remettre un exemplaire[6]. Esterhazy en avait un autre.

Gonse travailla de son côté.

Le général Lebelin de Dionne avait eu Dreyfus sous ses ordres à l’École de guerre ; il l’avait très favorablement noté : « Conduite très bonne, tenue très bonne ;

  1. Cass., I, 371, Cuignet.
  2. Nombre de ces lettres sont des faux manifestes.
  3. Il y avait ajouté (ou ce fut Gonse) une note du contrôleur Peyrolles sur sa conversation, du 6 janvier 1895, avec le commandant Guérin, et une lettre d’un conseiller municipal de Neuilly qui, lui aussi, avait entendu parler des aveux. (Cass., II, 135-137.)
  4. Voir p. 49.
  5. Cass., I, 372, Cuignet : III, 90, Bertillon. — Pièce 371 du dossier secret.
  6. Chambre des Députés, 7 avril 1903. discours de Jaurès.