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LE SYNDICAT


Schneider, depuis lors, avait changé d’opinion ; il avait acquis (de Schwarzkoppen et de Panizzardi) la certitude que Dreyfus était innocent et que le traître, c’était Esterhazy.

Henry data du 30 novembre 1897 ce brouillon des premiers jours d’octobre et y ajouta un paraphe grossier de Schneider. Il avait fabriqué, peu avant, pour mettre l’attaché allemand en contradiction avec lui-même, un prétendu rapport d’agent : « Schwarzkoppen soupçonne Auguste (un domestique) d’avoir dérobé sur son bureau le document écrit par Dreyfus[1] », — le bordereau que l’attaché allemand n’avait jamais reçu. Ainsi l’État-Major avait jusqu’à trois systèmes différents de la culpabilité de Dreyfus, et Henry avait établi des faux pour chacun d’eux.

Billot savait à quoi s’en tenir. La semaine d’après[2], Munster revint chez Hanotaux et réitéra avec encore plus de force ses dénégations[3].

XI

Ce fut le tour, ensuite, de l’ambassade d’Italie. Déjà, dans une note officielle, le gouvernement de

    qu’il avait produite, (II, 23), le président du conseil de guerre coupa court au débat. Il ajouta, à tort, que la date du 30 novembre 1897, inscrite sur la pièce, était celle « de l’entrée au Service des renseignements » (II, 24). En effet, comment expliquer que le brouillon d’un rapport d’octobre ou de novembre 1897 ne fût parvenu à l’État-Major que le 30 novembre 1897 ? Au surplus, c’est le 17 novembre 1897, qu’Henry montra à Paléologue le brouillon de Schneider. (Cass., I, 390.)

  1. Note (inédite) du 5 novembre 1897. (Dossier secret).
  2. 24 novembre. Il observa (ce qui rassura Hanotaux), qu’une intervention publique de l’ambassade n’aurait que des inconvénients (Dossier diplomatique).
  3. Cass., I, 392, Paléologue.