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et que le ciel et la terre passeront, la mer et les fleuves seront aussi desséchés. D’autre part, puisque je lis dans les Psaumes : « Dans cette mer si grande et d’une si vaste étendue se trouve un nombre infini de poissons, de grands et de petits animaux. C’est là que les navires passent, et là qu’est ce monstre que vous avez formé pour s’y jouer », Psa. 103, 25-26, il me semble digne de la bonté et de la clémence de Dieu de détruire par sa menace toute l’amertume salée de cette mer, d’humilier le dragon qui règne sur ces eaux, et de dessécher les gouffres de malice où nagent un nombre infini de petits reptiles, les animaux qui habitent avec lé dragon ne méritant pas d’être comptés. Il change aussi en désert tous les fleuves, toute doctrine qui usurpe le nom de science, et qui, s’insurgeant contre Dieu, a recours aux fleuves de l’éloquence, à la volubilité des paroles, et roulant profondément ses vagues enflées, se précipite sur sa pente, au grand étonnement des spectateurs. Voyez Platon, Démosthène, Cicéron, à la fois orateur et philosophe, les princes des hérétiques, tels que Valentin, Marcion, Bardesanes, Tatianus, voilà les fleuves que Dieu dessèche. Tout cela, Notre-Seigneur Jésus-Christ le consumera par le souffle de sa bouche, et le détruira avec la lumière de son avènement, 2 Th. 2, 8 ; tous ces fleuves, il les changera en désert. On voit donc que, conformément au titre : « Prise de Ninive ; livre de la Vision de Nahum d’Elcès », c’est à bon droit que Ninive est regardée comme la figure du monde, dont la mer et les fleuves d’éloquence sont desséchés à la fin dés temps. « La beauté de Basan et du Carmel s’effacent, et la fleur du Liban se flétrit. » Nah. 1, 4. Les Septante : « Le pays de Basan et le Carmel ont perdu leur force, et les fleurs du Liban se sont fanées. » La métaphore de Basan, contrée fertile, et du Carmel et du Liban, montagnes peuplées d’arbres, est une figure de la ruine de l’Assyrien : autrefois puissant, florissant, maître de peuples nombreux, il va être anéanti par la colère du Seigneur. Nous pouvons encore, au sujet de la fin du monde, comprendre que les puissants, les nobles, ceux qui nagent dans l’opulence, périront tout à coup, et qu’il leur sera dit : « Insensé, cette nuit même votre âme vous sera ôtée ; et les richesses que vous avez entassées, à qui seront-elles ? ». Luc. 12, 20. D’autre part, d’après l’interprétation des noms, puisque Basan veut dire « confusion et ignominie », nous assurons qu’à la fin du monde, toutes les choses ignominieuses et dont on doit rougir, lorsque le Seigneur sera venu, n’auront plus aucune influence, et que non-seulement les péchés seront anéantis, mais encore que, Jésus-Christ venant, ceux qui se croient féconds et florissants en bonnes œuvres, trembleront de crainte ; et ce sera l’accomplissement de cette prophétie de l’Évangile : « Lorsque viendra le Fils