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vous sortirez maintenant de votre ville, vous habiterez dans un pays étranger, et vous viendrez jusqu’à Babylone ; là vous serez délivrée, là le Seigneur vous rachètera de la main de vos ennemis. » Mic. 4, 10. Les Septante : « Souffrez et conduisez-vous avec courage, ô fille de Sion, comme une femme en travail, parce que vous sortirez de votre ville, vous habiterez dans la campagne et vous viendrez jusqu’à Babylone ; c’est de là que vous délivrera, c’est de là que vous rachètera de la main de vos ennemis le Seigneur votre Dieu. » Si, après lui avoir, prescrit de gémir ou d’enfanter, on lui enjoint ensuite d’agir avec courage, ce n’est pas sans raison ; c’est afin que, supportant les douleurs avec patience elle sorte de la ville, qu’elle habite dans la campagne ou un pays éloigné, qu’elle vienne jusqu’à Babylone, et qu’endurant la captivité pour son péché, après qu’elle aura supporté l’expiation avec courage, elle soit délivrée et rachetée par le Seigneur de la main de ses ennemis, et qu’ayant été délivrée, elle puisse dire à ceux qui l’outragent : O mon ennemie, ne vous réjouissez point de ce que je suis tombée ; je me relèverai, bien que je me sois assise dans les ténèbres, parce que le Seigneur est ma lumière. Je porterai le poids de la colère du Seigneur, parce que j’ai péché contre lui, jusqu’à ce qu’il ait jugé ma cause et qu’il se soit prononcé pour moi. Alors il me fera passer à la lumière et je contemplerai sa justice. Mon ennemie me verra alors, et elle sera couverte do confusion. » Mic. 7, 8 et seqq. De là ce que chante le psaume avec raison : « Le Seigneur ne s’irritera point sans fin et ne menacera pas éternellement. » Psa. 102, 9. Ces mots : « Gémissez et agissez avec courage », ont trait au salut de quiconque gémit et agit avec courage, la preuve en est dans Josué, fils de Navé, à qui le Seigneur dit : « Affermissez-vous et agissez virilement. » Jos. 1, 18. Or, la fille de Sion souffre et se comporte avec courage, parce qu’elle est sortie sans chaussures et nue de la ville, qu’elle doit être menée captive dans la plaine de Sennar, et qu’elle demeurera à Babylone, jusqu’à la venue de Zorobabel et d’Esdras, dont le nom veut dire « auxiliaire », et qui la délivrera de la main des Chaldéens. Tout cela est évident dans le sens littéral. Au figuré, la prophétie me semble signifier que l’âme, quand elle a été rejetée do l’Église a cause de son péché et livrée à l’ennemi pour la perte de la chair, afin que l’esprit soit sauvé, sort de la ville où répand la joie un fleuve abondant, pour habiter, non plus sur la montagne comme auparavant, mais en plate campagne, exposée aux incursions de l’armée des Assyriens, c’est-à-dire de ses vices, qui la jettent dans la confusion, et qu’après avoir été chargée de chaînes, tourné la meule et fait la farine pour les Babyloniens, rentrant en elle-même, elle s’écrie : « Combien y a-t-il chez mon père de serviteurs à gages qui ont plus de pain qu’il ne leur en faut, et moi, ici, je meurs de faim ! » Luc. 15, 17. Elle retourne alors à la maison paternelle, où la reçoit le plus clément des pères qui la rachète