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toutes choses, sachez que c’est l’effet de la colère de Dieu, qui, dans la personne des pauvres, lorsqu’on ne leur fait pas l’aumône, se dit être volé et privé de la part qui lui appartient. Nous pouvons encore interpréter ainsi les dîmes et les prémices : Si quelqu’un est assez savant et assez instruit dans la loi de Dieu pour enseigner les autres, il ne doit pas attribuer à sa prudence et à son génie l’instruction qu’il possède ; mais qu’il rende grâces premièrement à Dieu de la largesse de qui proviennent tous les biens, ensuite aux prêtres et aux maîtres qui l’ont enseigné ; car s’il ne rend pas grâces et s’il s’arroge la science, il sera maudit et tombera dans l’indigence ; mais si comprenant que c’est Dieu qui donne les biens, de quelque nature qu’ils soient, et si, rendant grâces à ceux dont Dieu s’est servi pour l’instruire, il s’humilie, et s’il porte des vivres dans le grenier de Dieu, c’est-à-dire si, dans l’Église, il sert aux peuples les aliments de la sainte Écriture, aussitôt les cataractes du ciel seront ouvertes pour lui, et il sera arrosé de la pluie spirituelle que Dieu aura commandé à ses nuées de faire tomber sur lui, et il jouira de l’abondance de tous les biens ; seront même réprimés en sa faveur les insectes qui dévorent les fruits, c’est-à-dire les puissances infernales qui lui font la guerre ; et son travail apportera du fruit, et on lui appliquera ces paroles de la sainte Écriture : « Heureux celui qui parle à des oreilles qui l’écoutent. » Sir. 25, 12. Il lèvera aussi ses yeux et il considérera les campagnes, et verra qu’elles sont déjà blanches et prêtes à moissonner ; Jn. 4; 1 ss ; et il amassera des fruits pour la vie éternelle. Et il n’y aura pas de vigne stérile dans ses terres, car le Seigneur dit : « Je suis la vigne. » Jn. 15, 1 seqq. Et par un prophète : à Je vous ai plantée comme une vigne féconde, et je n’y ai mis que du bon plant ; » Jer. 2, 21 ; et par l’aveu de sa bassesse et sa reconnaissance envers Dieu et envers les maîtres de son Église, il obtiendra une si grande béatitude que toutes les nations l’appelleront bienheureux, et que ceux qui l’auront entendu discourir dans l’Église désireront habiter dans sa terre et nourrir leur âme de sa doctrine.

« Les paroles injurieuses que vous dites contre moi se multiplient de jour en jour, dit le Seigneur. Et cependant vous avez répondu : Qu’avons-nous dit contre vous ? Vous avez dit : C’est en vain que l’on sert Dieu ; qu’avons-nous gagné pour avoir gardé ses commandements, et pour avoir marché avec un visage abattu devant le Seigneur des armées ? C’est pourquoi maintenant nous n’appellerons heureux que les hommes arrogants, puisqu’ils se sont établis en vivant dans l’impiété, et qu’après avoir tenté Dieu, ils se sauvent de tous les périls. » Ibid. 13. Les Septante : « Vos paroles sont devenues de plus en plus injurieuses à, mon égard, dit le Seigneur. Et vous avez répondu : Qu’avons-nous dit contre vous ? Vous avez dit : C’est en vain que l’on sert Dieu ; et qu’avons-nous eu