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balaye des restes de la table, et que, d’autre part, le riche est assez dur et impitoyable pour n’avoir point pitié, lui homme, de cet homme dont la langue des chiens à compassion, esprits qui ne comprenant point le temps du jugement, ni que seuls sont vrais ces biens qui sont perpétuels, disent : les méchants lui plaisent, « et où est le Dieu du jugement ? »

« Voilà que j’envoie mon ange et il préparera la voie devant ma face, et aussitôt viendra à son temple le dominateur que vous demandez et l’ange de l’alliance si désiré de vous. » Mal. 3, 1 seqq. i. Les Septante : « Voilà que je vous enverrai mon ange qui préparera la voie devant ma face ; et aussitôt viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez et l’Ange de justice si désiré de vous. » Le Seigneur à fait, dans l’Évangile, l’application de ce passage à Jean-Baptiste, lorsqu’il dit : « Voilà que j’envoie devant vous mon ange, qui vous préparera la voie où vous devez marcher devant moi », Mat. 11, 10, et il ne s’est pas servi des mêmes mots que les Septante interprètes. De son côté, l’évangéliste Marc réunissant les deux témoignages de Malachie et d’Isaïe, qu’il attribue à un seul prophète, débute ainsi : « Commencement, de l’évangile de Jésus-Christ, comme il est écrit dans le prophète Isaïe : Voilà que j’envoie mon ange devant votre face, pour préparer votre voie », Mrc. 1, 2, quoique nous lisions cela exprimé en d’autres termes dans Malachie. Et ce qui suit : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur, rendez droits ses sentiers », Ibid. 3, est dit également par le prophète Isaïe, Isa. 40, 3, et exposant aussitôt à qui se rapportent l’un et l’autre témoignage, il ajoute : « Jean était dans le désert, baptisant et prêchant le baptême de la pénitence pour la rémission des péchés. » Mrc. 1, 4. Mais si les évangélistes, interprétant la prédiction des prophètes au sujet de Jean, s’accordent pour le sens, ils diffèrent dans les mots ; car, au lieu de : « Rendez droits les sentiers de notre Dieu », comme porte la version des Septante, Marc et Luc ont dit : « Rendez droits ses sentiers », et Jean : « Rendez droite la voie du Seigneur. » Cela fait voir clairement que les apôtres et les évangélistes et le Seigneur lui-même n’ont pas suivi l’autorité des Septante interprètes ; ils n’en avaient pas besoin, attendu qu’ils connaissaient la langue hébraïque ; mais ils traduisirent ce qu’ils avaient lu dans l’hébreu, ne se mettant pas en peine des syllabes, ni des points et des virgules, pourvu qu’ils en traduisissent fidèlement le sens. Nous avons démontré qu’ils avaient fait ainsi pour plusieurs passages, et nous l’avons prouvé en même temps par un grand nombre de témoignages, et principalement dans l’ouvrage que nous avons intitulé : « De la meilleure manière d’interpréter. » C’est donc proprement en la personne du Christ qu’il est dit : « Voilà que j’envoie mon ange, et il préparera la voie