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comme par le peuple d’Israël, mais toute pure comme dans les cérémonies des chrétiens. Depuis le lever du soleil, en effet, jusqu’au coucher, le nom du Seigneur est grand parmi les nations, car le Sauveur dit : « Mon Père, j’ai fait connaître aux hommes votre nom. » Jn. 17, 6. Tandis que mon nom, dit-il, doit être grand parmi les peuples, vous, ô princes des Juifs, vous l’avez déshonoré et le déshonorez encore. C’est ainsi qu’il prédit l’avenir sans perdre de vue le présent. Aussi, ô prêtres et princes des Juifs, en tout lieu il m’est offert une oblation pure et mon nom est grand chez tous les peuples, parce que vous dites : La table du Seigneur est méprisée et ce qu’on y place est méprisable, aussi bien que le feu qui le dévore. Au retour de Babylone, les Juifs avaient construit un autel, au rapport d’Esdras, avec des pierres brutes et prises au hasard, sans temple, sans relever les édifices de la ville ni reconstruire ses murs, en sorte qu’ils tenaient en moindre estime une religion qui n’avait ni temple ni éclat. C’est aussi, pour cela que le Seigneur leur dit : Vous regardez comme déshonorés et l’autel, et les holocaustes, et les victimes qui.y sont offertes ; le feu qui les dévore vous paraît déshonoré aussi ; ne comprenez-vous pas que le Dieu tout-puissant ne recherche ni l’or, ni les pierreries, ni le nombre des victimes, mais seulement les sentiments de ceux qui les offrent ? Comment ceux qui pensent qu’il s’agit ici, non de l’autel, mais de la table sur laquelle on plaçait les pains, pourront-ils expliquer ce qui suit : « Avec le feu qui le dévore » ? Je ne sais pas le voir ; le feu, en effet, ne consumait nullement les pains de proposition, qui étaient tour-à-tour renouvelés et emportés pour l’usage des prêtres. Lev. 24, 1 seqq. Entendons-le encore dans ce sens : Vous avez déshonoré mon nom en ce que vous dites : Dans quel but des oblations de choix ? Quelles que soient nos offrandes, le feu les doit dévorer. Le fruit de l’autel, c’est le feu, et les hosties et les holocaustes sont l’aliment du feu. Ce n’est pas assez de l’impiété de la première parole, vous avez aussi ajouté : « Voici de notre travail, et vous avez soufflé, dit le Seigneur des années. » Tel est le sens de ce discours : Vous avez dit ; Nous sommes rentrés de la captivité, nous avons été la proie de l’ennemi, nous avons beaucoup enduré dans une longue route, nous sommes pauvres, tout ce qui était en notre pouvoir nous l’avons consumé dans les fatigues du chemin : nous offrons ce que nous avons ; et, en parlant ainsi, vous avez soufflé sur vos sacrifices, vous les avez rendus digues que je souffle dessus ; ou, comme on peut lire dans l’hébreu, et cela disant, vous m’avez soufflé ; vous faites injure non au sacrifice mais à moi, à qui vous l’offriez. C’est pourquoi je ne l’accepterai nullement de votre main, dit le Seigneur tout-puissant. D’aucuns pensent que ce qui est dit spécialement aux Juifs, parce que leurs victimes sont souillées et impures et que le sacrifice doit passer aux nations, doit s’entendre