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mûrs de la ville, et ne persévéraient pas moins dans leurs anciens égarements, n’ayant pour Dieu ni amour ni crainte. Ce que nous appelons « gloire » ou « honneur » est le même terme que δὀξα les Grecs et chabod chez les Hébreux ; mais, en raison de l’usage de la langue latine, nous avons dit « honneur ». Dans l’Évangile, en effet, où le Seigneur en même temps Sauveur dit : « Père, l’heure vient, glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie », Joan. 17, 1, on lit chez les Grecs δὀξασον, c’est-à-dire « glorifica. » La plupart des latins rendent ce passage par « honorez. » Il faut considérer aussi que, dans les saintes Écritures, c’est par la volonté et non autrement que l’on devient fils ou esclave. Celui-là, en effet, qui à reçu l’esprit d’adoption est transformé en fils de Dieu, et celui qui à reçu l’esprit de servitude qui inspire la crainte, celui-là s’en fait l’esclave. Rom. 8, 1 seqq. C’est pourquoi Dieu veut d’abord que nous soyons ses fils et que nous fassions volontairement le bien ; si nous voulons obtenir qu’au moins il nous traite en esclaves, éloignons-nous du mal par la crainte des châtiments. Nous avons vu fils pris en mauvaise part : « Nous étions des fils de colère et des fils de la géhenne ; » Ephes. 2, 3 ; ces fils que, après avoir parcouru la terre et la mer, les pharisiens ont rendus dignes de tous les tourments. Mat. 23, 1 seqq. Judas aussi, le traître, est appelé « fils de perdition ; » Joan, xvn ; et dans le psaume quatre-vingt-huit, il est écrit du Seigneur : « Le fils de l’iniquité ne pourra pas lui nuire. » Psa. 88, 23. Dans Osée aussi sont appelés fils de fornication ceux qui sont nés de cette mère prostituée dont il est écrit : « Votre mère s’est déshonorée. » Osée 2, 5. Et dans l’Évangile, les Juifs sont qualifiés de fils du diable : « Vous êtes nés du diable, votre père et vous voulez accomplir les désirs de votre père. » Jn. 8, 44. Nous voyons fils pris en bonne part ; ainsi, les fils de Dieu : « À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu ; » ainsi les fils de la sagesse, dont l’Évangile dit : cr La sagesse a été justifiée par ses enfants ; » Mat. 11, 1 ; » ainsi les fils d’Abraham : « En vérité, en vérité, je vous le dis, Dieu peut de ces pierres susciter des enfants à Abraham ; » Mat. 3, 9 ; et les fils de l’Apôtre : « Mes petits enfants que j’enfante de nouveau jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous », Gal. 4, 19, et tant d’autres exemples du même genre. Le fils donc honore ou glorifie son père, selon ce qui est écrit : « Que votre lumière brille devant les hommes pour qu’ils voient vos œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » Mat. 1, 15. L’esclave aussi honore son maître, non pas avec le même sentiment que le fils, sous-entendu, honore le père, et le serviteur son maître ; aussi le Dieu tout-puissant,