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et ne dit pas ce que fit ensuite le père de famille. D’où nous devons induire que les rejetons de ce figuier qui ont fait du fruit, ont été transférés au peuple des Gentils, vers lequel monte le prophète lui-même, quand il dit : « Je me reposerai au jour de la tribulation, pour monter vers le peuple de mon pèlerinage ; » et que ceux qui n’ont pas donné de fruits ont été arrachés. C’est cela même que signifie la parole de Jean dans l’Évangile : « Voilà que la hache a été posée à la racine des arbres. Tout arbre qui ne porte pas de fruit sera coupé et jeté au feu.

Nous avons montré que le figuier, c’est le peuple juif ; expliquons-nous sur la vigne. La parabole en est facile pour celui qui a lu dans Isaïe : « Une vigne a été plantée pour mon bien-aimé dans la force, dans un lieu fertile ; » [1] ; et plus loin : « J’ai attendu qu’elle portât du fruit, elle a porté des épines, et, au lieu de la justice, la clameur » ; [2] ; et dans Jérémie : « Pour moi, je vous avais plantée comme une vigne féconde, toute de bon plant ; comment donc êtes-vous devenue une vigne étrangère aux fruits amers ? » [3] ; et dans le psaume plus clairement encore : « Vous avez transporté la vigne hors de l’Égypte, vous avez chassé les nations et vous l’avez plantée. » [4]. Cette vigne vers laquelle le père de famille avait souvent envoyé ses serviteurs,[5] afin d’en retirer ce vin qui réjouit le cœur de l’homme, parce qu’elle a été changée en amertume, et qu’en dernier lieu elle a osé mettre à mort le fils du père de famille, ne portant pas des raisins, mais des épines, et non la justice, mais cette clameur : « Crucifiez, crucifiez-le !… nous n’avons d’autre roi que César » ; [6] ; – cette vigne, à cause de cela, a été exterminée par le sanglier de la forêt, et toute bête fauve s’en est repue. » [7]. L’olive apparaîtra aussi clairement comme la figure du peuple de la synagogue, à quiconque lira dans l’Apôtre,[8] qui sont les branches coupées de l’olivier, et, comment de l’olivier sauvage, nous avons été greffés sur l’olivier franc, en sorte que nous comprenions qu’avec les branches, la multitude des Juifs a été coupée, et que, dans les racines, a été conservée l’élection des Apôtres, sur qui nous avons été greffés et nous demeurerons, si nous portons du fruit, et il sera dit de nous : « Vos enfants sont autour de votre table comme les rejetons de l’olivier. » [9]. Beaucoup de commentateurs pensent que le figuier, la vigne et l’olivier, sont la figure du mystère delà Trinité, et ils voient dans le figuier, à cause de la douceur de ses fruits, le Saint-Esprit ; dans la vigne, Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même, qui a dit : « Je suis la vigne », [10], et dans l’olivier, Dieu le Père Tout-Puissant, qui illumine toutes choses, de qui sort la lumière, et à qui

  1. Isa. 5, 1
  2. Id. 2
  3. Jer. 2, 21
  4. Psa. 79, 9
  5. Mat. 21, 1
  6. Jn. 19, 6-15
  7. Psa. 79, 14
  8. Rom. 11, 1
  9. Psa. 126, 3
  10. Jn. 15, 1