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à Pierre et à Paul, et on n’aura plus aucun doute au sujet des puits et des fleuves de Jésus-Christ. Voyez tous les Apôtres, et vous comprendrez que ce ne sont plus quatre fleuves, mais douze, qui sortent du paradis des Écritures. Ces fleuves, avant que la terre eût tremblé, étaient cachés, et, comme ils étaient dans les veines de la terre, ils ne, pouvaient servir à désaltérer ceux qui avaient soif. Mais après qu’à la venue de Jésus-Christ toute la terre eût été ébranlée, ils jaillirent soudain, et ce fut l’accomplissement de cette parole : « Il a changé les fleuves en un désert, et les pays arrosés d’eau en un lieu sec, et il a rendu la terre qui portait du fruit aussi stérile que celle qui est semée de sel, à cause dé la malice de ses habitants. Il a changé les déserts en des étangs, et la terre qui était sans eaux en des eaux courantes ; il y a établi ceux qui étaient affamés, et ils y ont bâti une ville pour y demeurer. » [1]. Car après que le Seigneur fut venu dans le monde, et qu’eut été accompli ce qu’il a dit dans l’Évangile : « Je suis venu dans ce monde pour exercer un jugement, afin que ceux qui ne voyaient pas voient, et que ceux qui voyaient deviennent aveugles », [2], la terre d’Israël, d’où jaillissaient auparavant des fleuves qui arrosaient tout le peuple de la Judée, tomba dans la sécheresse et toutes ses sources furent fermées ; le monde, au contraire, auparavant désert et stérile, parce qu’il n’avait pas les eaux de la prédication du Seigneur, fut changé en étangs, et il eut autant de sources qu’il avait de docteurs. Et il ne leur suffit pas, à ces fleuves et à ces sources, d’arroser les peuples de l’univers : rassemblant dans chaque province, en un seul peuple, ceux qui avaient faim et soif de la parole de Dieu, ils ont élevé l’Église, qui est appelée la ville digne d’être habitée et que le cours d’un fleuve remplit de joie.


« Les montagnes vous ont vu et elles ont été saisies de douleur, les grandes eaux se sont écoulées, l’abîme a fait retentir sa voix, la hauteur a élevé ses mains, le soleil et la lumière se sont arrêtés dans le lieu de leur demeure ; ils ont poursuivi leur course à la lueur de vos flèches, à l’éclat foudroyant de votre lance. Vous avez foulé aux pieds la terre dans votre colère, vous avez épouvanté les nations dans votre fureur. Vous êtes sorti pour sauver votre peuple, pour le sauver par votre Christ ; vous avez frappé le chef de la famille de l’impie, vous avez mis à nu jusqu’au fond le fondement de sa maison. Toujours. » [3]. Je donne ma traduction isolée ; mais, après avoir donné la suite du sens d’après cette version, c’est-à-dire d’après l’hébreu, je commenterai ensuite la traduction des Septante par fragments. Les montagnes vous ont vu, ô Dieu, et elles ont été frappées de douleur ; c’est-à-dire, les royaumes superbes, les puissances orgueilleuses de ce monde, les quatre quadriges que Zacharie vit sortir des montagnes d’airain, vont ont vu, et ils ont frémi. « Le gouffre des eaux est passé »,

  1. Psa. 107, 33-36
  2. Jn. 9, 39
  3. Hab. 3, 11 et seqq