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Celui qui sème dans l’Esprit, recueillera de l’Esprit la vie éternelle. » Gal. 6, 8… « Le fruit de l’Esprit est la charité, la joie, la paix. » Gal. 5, 22… « Marchez selon l’Esprit et vous n’accomplirez point les désirs de la chair. » Ibid 16. Ce n’est pas à dire que l’Esprit-Saint ne se trouve pas aussi dans les Écritures avec une épithète, puisqu’il y est appelé Esprit saint, Esprit principal, Esprit droit, Esprit de Dieu, et autres appellations semblables ; mais l’Esprit-Saint se trouve souvent désigné par le mot « esprit » suivi d’un attribut et par ce mot seul, tandis que l’esprit malin est partout désigné par le mot « esprit » suivi d’une épithète.

Du reste, si l’on pousse la rage de contester jusqu’à vouloir qu’il soit question ici de l’esprit du mal, on peut observer qu’autre chose est que le texte ait dit : « Il n’y a aucun esprit dans ce simulacre ; » que s’il eût dit : « Il n’y a aucun esprit auprès de lui ; » car il peut être constamment auprès, mais il ne peut jamais être au-dedans des idoles. De là cette traduction plus expressive qu’Aquila donne de l’hébreu : « Et son esprit n’est pas dans ses entrailles », ou « au milieu de lui », je veux dire de ce simulacre. J’ajoute que certains exemplaires hébreux ne portent pas l’addition « aucun », mais le mot « esprit » tout court. Or, que celui qui, vaincu par la raison, entend ici esprit en bonne part, et se demande pourquoi, dès qu’il est question de l’Esprit-Saint, l’Écriture dit avec une addition : « Et aucun esprit n’est en lui », sache que « aucun esprit » a trait aux diverses grâces de l’Esprit-Saint, en sorte que voici le sens : Il ne pourra avoir en lui rien de la grâce, aucune vertu. Ceci, d’ailleurs, s’entend mieux dans le sens figuré, en ce qu’il n’y a rien de la grâce de l’Esprit-Saint dans aucune idole des hérétiques et dans aucune invention du diable ; elles semblent porter l’image de la divinité et la beauté du vrai, quand il n’y a en elles aucun souffle, rien de vivant. Ajoutons encore, pour ne point paraître cacher au lecteur ce que nous savons, qu’esprit et vent se disent en hébreu l’un et l’autre hua, et que, selon le sens de la phrase, ce mot signifie esprit ou vent. Par conséquent, dans ce passage, nous pouvons même lui donner l’acception de « souffle », puisque les idoles sont inanimées. Pour ce qui est de l’acception d’âme donnée au mot esprit, cette parole du Sauveur en est une preuve irrécusable : « Mon Père, je remets mon esprit entre vos mains. » Luc. 23, 46. Il ne pouvait se faire, en effet, que. Jésus remît entre les mains du Père, ou un esprit mauvais – ce dont on ne saurait avoir la pensée sans commettre un sacrilège, – ou l’Esprit-Saint, qui est Dieu lui-même ; il lui remettait assurément son âme, dont il avait dit : « Mon âme est triste jusqu’à la mort. » Mat. 26, 38 ;