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reproduire et d’écrire bien lisiblement, afin qu’aucun nuage ne l’enveloppe et qu’aucune ambiguïté énigmatique ne l’obscurcisse. Je veux qu’une espérance incontestable repose sur une promesse des plus claires. Je vous fais ce commandement, ô Prophète, non a cause de votre ignorance de ces faits – vous ne seriez point prophète si vous ne les saviez pas, – mais afin que le lecteur puisse lire et parcourir, sans empêchement et sans difficulté, ce que vous aurez écrit bien nettement. Les Septante traduisent ainsi : « Afin que celui qui lit suive… », dans le sens du précepte adressé à Timothée : « Suivez la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur ; » [1] et aux Romains : « Vous montrant sectateurs de l’hospitalité ; » [2] ; et aux Corinthiens : « Suivez la charité. » [3]. Quant à la vision elle-même dont je vous ai dit : « Écrivez cette vision et rendez-la manifeste sur le buis, afin que celui qui la lira puisse la suivre », elle est encore dans le temps marqué, dont le Sauveur parle ainsi : « Je vous ai exaucé au temps favorable et je vous ai assisté au jour du salut. » [4]. Elle se lèvera à la consommation du monde et à cette dernière heure du jour dont parle saint Jean : « Mes petits enfants, c’est maintenant la dernière heure ; » [5] ; et elle ne viendra pas en vain, puisqu’elle fera le salut de plusieurs et réunira la multitude des nations avec les restes du peuple d’Israël. Que si cette vision diffère un peu et si, au gré de vos vœux, lecteur à qui il est ordonné de la lire sur les buis et sur les tables où l’a écrite le Prophète, il vous semble qu’elle vient trop lentement, attendez-la néanmoins, « car elle viendra assurément, et elle ne tardera pas. » Si le doute altère votre foi, si vous accueillez la pensée que ce que je promets n’arrivera pas, vous serez sévèrement puni, en ce que vous déplairez à mon âme, tandis que le juste, qui croit à mes paroles et ne tergiverse pas au sujet de mes promesses, aura pour récompense la vie éternelle. Et ne vous hâtez pas de m’accuser de faire acception de personnes en vous donnant la mort et en lui donnant la vie, parce qu’il est lui-même la cause de sa vivification, dès que c’est de sa foi que lui vient la vie, comme vous-même vous avez déplu à mon âme en vous dérobant à la foi et en ne voulant pas croire.

C’est ici une prophétie évidente au sujet de l’avènement de Jésus-Christ. La question proposée se résout donc de cette manière, que jusqu’à ce qu’il vienne, l’iniquité dominera dans le monde, le jugement n’arrivera pas à son but, et le vrai Nabuchodonosor prendra dans ses rets et dans ses filets les hommes comme des poissons et l’animal raisonnable comme un reptile qui n’a pas de prince. De ce qu’au lieu d’employer visio, j’ai traduit ainsi : « Parce que ce que vous voyez, visus, est encore loin, et s’il met du retard, attendez-le », c’est-à-dire attendez ce que vous voyez, visum, on ne doit pas

  1. 1Ti. 6, 11
  2. Rom. 12, 13
  3. 1Co. 14, 1
  4. Isa. 49, 8
  5. 1Jn. 2, 18