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ajoutant « de la fille », les Hébreux le font dépendre du verset précédent. Pour nous, selon que vous l’avez voulu et que nous l’avons commencé, nous devons interpréter les Écritures comme elles sont lues dans l’Église, sans nous écarter néanmoins de la vérité hébraïque. Ici, il est donc parlé à Israël, et ce doit être pris à la lettre, soit que nous l’entendions des dix tribus qui sont en Samarie, ou de tout Israël en général ; qu’ils prennent donc le deuil, et qu’ils pleurent leurs fils, parce que le peuple a été emmené en captivité et la Judée tout entière a été ravagée par les Assyriens et les Babyloniens. Et de même que l’aigle, qui est le roi des oiseaux, perd, à une certaine époque, ses poils et demeure sans plumes, qu’Israël pareillement, dépose toute cette gloire dont il avait été entouré auparavant, et plaigne ses enfants soumis à la domination de ses ennemis. Que l’aigle, d’habitude perde ses plumes à une époque déterminée, c’est écrit dans le Psautier : « Ta vieillesse sera renouvelée comme celle de l’aigle ; » Psa. 102, 5 ; et le Comique dit aussi dans l’Heautontimorumène : « Il a paru vrai ce qu’on a coutume de dire de la vieillesse de l’aigle. » Terent. Loc. cit. Act. ni scen. II. Si nous voulions entendre ce passage au temps actuel de la destruction de la Judée, nous verrions que toute la faveur qui la rendit autrefois si prospère entre les mains de Dieu, s’est entièrement retirée de ce peuple. Où sont, en effet, ses Prophètes ? ses docteurs de la loi ? où est l’intervention des Anges ? où sont ces victoires inespérées remportées par quelques hommes contre des masses ? Elle est sans chevelure cette Jérusalem, elle a perdu la couronne de son ancienne gloire, et ses fils qui crièrent contre le Seigneur : « Crucifiez, crucifiez-le », Jn. 9, 5, ont été emmenés en captivité. J’ai lu dans les commentaires de quelqu’un, que ce qui est dit : « Coupez vos cheveux et rasez votre tête à cause de vos enfants, vos délices », se pouvait entendre de la condition humaine, et que tel est le langage de Dieu à Adam ou à la Jérusalem céleste : O âme humaine, ô ville autrefois mère des saints, qui étais avant dans le paradis, et jouissais des délices de tant d’arbres divers, qui avais une forme si belle ; maintenant, parce que tu as été précipitée de ces hauteurs et traînée dans Babylone, parce que tu es venue dans un lieu de captivité et que tu as perdu ta chevelure, rase-toi et prends l’habit de pénitent, et tandis qu’auparavant tu volais dans les airs comme l’aigle plains ta descendance qui t’est enlevée et menée en esclavage.


« Malheur à vous qui formez des pensées injustes