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Seigneur répond ici sur l’heure au Prophète. Il lui ordonne d’écrire ce qu’il va voir et de le tracer distinctement sur des tablettes, c’est-à-dire de l’écrire très lisiblement. Ces tablettes, à mon avis, au sujet desquelles l’Apôtre écrit aux Corinthiens : « Vous êtes vous-mêmes notre lettre de recommandation, qui est écrite dans nos cœurs, et qui est reconnue et lue de tous les hommes ; vos actions faisant voir que vous êtes la lettre de Jésus-Christ dont nous avons été les secrétaires, et qui est écrite, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, et non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, qui sont vos cœurs. » [1]. Salomon, dans les Proverbes, émet une maxime dans le même sens : « Écrivez-la sur toute l’étendue de votre cœur. » [2]. Il est ordonné au prophète d’écrire distinctement, afin que le lecteur puisse lire couramment, qu’il n’y ait aucun obstacle à la rapidité de sa lecture, ce qui arrêterait peut-être son désir de lire. Cet ordre est donné, d’ailleurs, parce que l’accomplissement de la vision est éloigné jusqu’au temps marqué, jusqu’à ce qu’arrive la fin des choses. Dieu alors viendra aussi, et il montrera que l’événement a justifié la prophétie. Que si d’aventure, lecteur, à cause de votre impatient désir de voir l’issue de cette vision, il vous semblait que l’accomplissement de la promesse éprouve quelque retard, gardez-vous de désespérer de sa réalisation ; attendez au contraire avec patience, puisque je vous en fais de nouveau la promesse, « elle arrivera certainement, et elle ne tardera pas » S’il y a quelqu’un qui soit incrédule à cette promesse : « Elle viendra et elle ne tardera pas », qui commence à hésiter, à être flottant dans le silence de son cœur, dans la pensée que ce qui est différé au temps prescrit n’arrivera pas, cet homme déplaira à mon âme, conformément à cette parole : « Mon âme hait vos néoménies et vos sabbats. » [3]. Dieu disant « mon âme », nous devons entendre son esprit et sa pensée, avec ce sens : Il déplaira à ma pensée. Puisque celui qui doutera de l’avènement d’une promesse que je fais me déplaira, le juste, d’autre part, pour avoir mis s^confiance dans ma promesse, vivra à cause de sa foi. Voilà comme les grandes lignes qui forment le tableau de ce contexte. Je vais maintenant en rendre le sens, mais toutefois en mariant les deux traductions.

Écrivez en votre cœur, et comme les jeunes enfants qui reçoivent les premiers éléments d’instruction affermissent sur le buis leur tremblante main à tracer les lignes courbes des lettres et s’habituent par l’exercice à former une écriture correcte, vous aussi, dont le langage a reproduit devant moi les doutes du peuple sur la Providence, écrivez ce que je dis sur les tables de votre cœur et sur le buis de votre intelligence. C’est une vision dont je promets l’accomplissement, que je vous ordonne de

  1. 2Co. 3, 2-3
  2. Pro. 3, 3
  3. Isa. 1, 13