Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

partie dans le présent, se vérifiera plus encore à la consommation, lorsque, l’iniquité s’étant multipliée, la charité du grand nombre se sera refroidie. Mat. 24, 12. Combien n’y en a-t-il pas de capturés par le géant Nemrod, ce chasseur redoutable qui, en s’élevant orgueilleusement contre Dieu, en enlaça un grand nombre de son bois dans ses pièges et il n’est donné à guère de monde le pouvoir de mettre la main sur sa proie ou sa chasse. Il a, en effet, avec lui, nombre de satellites et chasseurs comme lui qui sont heureux de sa chasse et l’assistent à la façon des esclaves. Aussi la voix des fouets se fait entendre dans le monde, parce que nombreuses sont les tribulations des justes sous le poids desquelles crient ceux qui en sont atteints, témoignant par leurs cris plaintifs de la grandeur de leur souffrance, lorsque l’un est emporté par le démon, l’autre par la colère qui est semblable à la fureur, cet autre par la volupté, la haine, l’envie, la superbe : c’est le fouet du roi d’Assyrie qui résonne en eux. Même dans les maladies du corps, sachons voir le fouet du diable, duquel il est dit au juste : « Et son fléau n’approchera pas de ton tabernacle ; » Psa. 90, 10 ; lorsque nous verrons celui-ci se décomposer sous faction du mal royal, et survivre pour ainsi dire à son cadavre, celui-là, envahi intérieurement par l’eau, surnager dans un corps exhubérant, et perdre par le gonflement de ses membres, sa forme première d’homme, comme nous l’avons vu naguère dans l’hydre ; un autre expectorer je ne sais quelle sanie et les ravages d’un poumon en pourriture ; cet autre dont l’humeur desséchée lui fait sentir dans les organes les tortures de la pierre et des calculs, n’hésitons pas à dire que c’est la voix des fouets de Ninive, bien que d’aucuns, ne soupçonnent en cela que les effets de la corruption de l’air, de la diversité des aliments ou de l’organisation physique elle-même. Nous qui voyons et une grosse fièvre, Luc. 4, 38 et cette femme qui, pendant dix-huit ans, avait été tenue liée par le diable, guérie par l’intervention du Seigneur, sachons que tout cela sont des coups du fouet de Ninive. Aussi suit-il : « Et le bruit du mouvement des roues ; » tandis que le genre humain est emporté çà et là et court sans direction à l’aventure, nous ignorons où est le péril et où est le salut ; c’est de cette roue qu’il est question au commencement d’Ézéchiel ; Eze. 1, 15 ; et, lisons-nous dans le Psaume soixante-seize : « Sa roue fait entendre la voix de votre tonnerre. » Psa. 76, 19. Ninive a comme un coursier chasseur