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châteaux ; ou assurément, ce sont les femmes captives, menaçantes en présence des vainqueurs ; et la terreur sera si grande que la douleur n’osera pousser ni sanglots ni cris, qu’elles gémiront au-dedans d’elles-mêmes, qu’elles dévoreront leurs larmes avec de sourds murmures, à la manière des colombes qui gémissent. Voilà pour la tradition hébraïque. Abordons maintenant les Septante.
Ceux qui ont mission de secouer, et qui avaient secoué Jacob et Israël et anéanti leurs rejetons, ont brisé aussi les armes dont ceux-ci se servaient au temps de leur insolence, et au moyen desquelles ils opprimaient les faibles ; non contents de cela, ils ont exterminé les hommes forts qui se jouaient dans le feu. Au lecteur de voir s’il peut, par des hommes forts qui se jouent dans le feu, entendre les forces ennemies qui fournissent le diable de ses traits enflammés. Ces forts qui se jouent dans le feu avaient autrefois les chars et les chevaux de Jacob et d’Israël, sur lesquels ils étaient rapidement emportés à la guerre, au jour du combat. Les rênes de ces chars et ces cavaliers s’embarrasseront donc sur les chemins et se heurteront sur les places, lorsque Jacob et Israël étant illuminés de la lumière du Seigneur, tant les démons que ceux qui sont esclaves de leur volonté seront renversés par le Seigneur. Nous pouvons entendre cette prophétie de son premier avènement, quand les hommes forts et les conducteurs de chars et les cavaliers disaient : « Quoi de commun entre nous et toi, fils de David ? Es-tu venu nous tourmenter avant le temps ? » Mat. 8, 29. Mais puisque nous avons déjà appliqué la prophétie contre Ninive à la fin du monde, il est mieux de dire que les armes du diable seront alors ôtées du milieu des hommes, et aussi ses ministres forts, qui se jouaient des hommes dans le feu, car le cœur de tout adultère est semblable à une fournaise ardente, Ose. 3, 1-5 et que seront rompues les chaînes avec lesquelles les captifs et ceux qui ôtaient sur les chars étaient menés en captivité. Les cavaliers en effet trembleront de peur aux issues, c’est-à-dire à la fin du monde, et ils seront dans ce tumulte, et les chars se heurteront sur les places ; bien que la voie qui conduit à la mort soit large et spacieuse, Mat. 7, 14, réduits aux abois, dans leur panique, ils ne pourront trouver le droit chemin, ils se heurteront les uns contre les autres, et néanmoins ils respireront leur ancienne fureur, et ils se rueront en tous sens comme des éclairs. « Je voyais », dit le Seigneur, « Satan tombant du haut du ciel comme la foudre. » Luc. 10, 10. Quand le diable et tous ses lieutenants comprendront leur défaite, ils se souviendront de la consommation prédite autrefois, et ils fuiront dans le jour. Ils ne se cacheront plus dans la nuit, parce que la clarté du jour aura dissipé les ténèbres ; ils seront affaiblis sur le chemin, n’avançant point et faisant d’inutiles efforts, et ils se hâteront vers les murs. La venue du Seigneur les frappera d’une terreur si profonde, ils seront si impuissants à le repousser, qu’ils fuiront jusqu’aux extrémités qui enferment et entourent le monde comme de murs, et là ils se prépareront à la résistance ; semblables à un homme qui fuirait un ennemi, n’osant pas lui faire face, et qui arrivé au désert, son ennemi le suivant toujours, serait contraint, par la nécessité, de soutenir son attaque. Pendant qu’ils formeront ce dessein, tout ce qui avait été acquis et possédé par eux sera mis sous les yeux de tous ; les portes qu’ils avaient fermées seront ouvertes, leurs royaumes tomberont, et leur substance, c’est-à-dire leurs richesses seront révélées. Or, la substance du monde elle-même et toutes ses servantes, après qu’elles se seront soumises à Jésus-Christ et auront commencé à le servir, seront emmenées joyeuses et pleines d’allégresse ; elles croiront et confesseront Jésus-Christ de toute leur âme, au point d’être comparées à d’innocentes colombes, et elles murmureront ou parleront au fond de leurs cœurs. Alors s’accomplira ce qui est prophétisé dans le psaume soixante-sept au sujet de la victoire du Sauveur : et S’élevant vers le ciel, il entraîna la captivité captive. »
« Ninive est toute couverte d’eau comme un grand étang ; ses citoyens prennent la fuite. Arrêtez ! Arrètez ! mais personne ne retourne. Pillez l’argent, pillez l’or ; ses richesses sont infinies, ses vases précieux sont inépuisables. » Nah. 2, 8-9. Les Septante : « Ninive est toute couverte d’eau comme un grand étang ; ses citoyens ne se sont pas arrêtés dans leur fuite, et personne n’osait regarder en arrière. On pillait l’argent, on pillait l’or, et l’on ne trouvait pas la fin de sa richesse : elle s’est fait un lourd fardeau de tous les vases de sa concupiscence. « Il est évident que les cités dépendant de Ninive, et que l’Écriture appelle ses filles, ayant été emmenées en captivité, Ninive elle-même, qui avait nourri tant de peuples qu’elle est comparée à une immense piscine, n’a