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parce qu’il y a moins de vertu à supporter une injure reçue, qu’il n’y a de grâce divine à devenir paisible, doux, tranquille jusqu’à ne pouvoir pas faire injure à autrui. On se demande comment a été détournée l’injure de Jacob comme avait été détournée celle d’Israël. Après que Jacob eut lutté avec l’Ange, il mérita de recevoir le nom d’Israël, Gen. 32, 29 et parce qu’il avait vu Dieu, il cessa de faire injure. De même donc qu’Israël, l’âme ou l’homme qui voit Dieu, et dont la pensée est toujours pleine de Dieu, ne sait point faire injure, de même toute insolence et tout outrage ont été ôtés de Jacob, c’est-à-dire du supplantateur, de celui qui, placé encore au milieu de la mêlée, supplante les ennemis. L’injure est prise en mauvaise part ; nous avons là-dessus le témoignage de Salomon, qui dit : « Les yeux outrageants et la langue inique. » Pro. 6, 17. Gomment, selon l’une intelligence, l’injure a-t-elle été détournée de Jacob, comme elle avait été détournée d’Israël, la suite du discours le montre : Parce qu’ils les ont secoués et secoués encore, et qu’ils ont brisé » ou « corrompu leurs rejetons. » Les Anges de l’un et de l’autre, qui voient chaque jour le Père face à face, Mat. 18, 10, ont secoué toute la poussière qui s’était attachée à Jacob et à Israël. De là le lavement des pieds de Pierre, Jn. 13, 6 sqq. et ce que dit le Prophète : « Secouez la poussière et levez-vous, Jérusalem », Isa. 52, 2, et le précepte que le Sauveur fait à ses disciples : « Secouez la poussière de vos pieds », Mat. 10, 14, et ce qui est écrit dans les Psaumes : « Les enfants de ceux qui sont secoués par l’affliction sont comme des flèches entre les mains d’un homme robuste. » Psa. 126, 4. L’esprit prompt à l’outrage a donc été ôté du vrai Jacob et du vrai Israël, parce que tout ce qu’il y avait en eux de terrestre et d’amassé dans l’ordure d’ici-bas a été secoué et purifié parle ministère des Anges, ou des conseillers et des maîtres qui ne se sont pas contentés de les secouer eux-mêmes, mais qui ont aussi secoué les vices, dont l’attrait n’attire la pensée que vers le temps présent, et ils les ont jetés au vent, comme des sarments et des rejetons de vignes chargés de feuilles et nus de fruits, se conformant en cela à cette parole du Seigneur : « Toute souche qui demeure en moi et porte du fruit, mon Père la taille, afin qu’elle en porte davantage ; mais celle qui ne demeure pas en moi et qui ne porte point de fruit, Mon Père la coupera et la jettera au feu. » Jn. 15, 2.
« Le bouclier des braves jette des flammes, les gens d’armes sont couverts de pourpre ; les rênes des chars ennemis étincellent lorsqu’ils roulent au combat ; ceux qui conduisent les vôtres se sont endormis, ils ont été troublés sur les chemins, les quadriges se sont brisés aux carrefours. Les yeux des soldats ennemis paraissent des lampes, et semblent lancer des