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celui qui vous annonce la paix est venu vers vous, célébrez vos fêtes, non pas dans le vin et dans les festins, comme le pensent les Juifs charnels, mais dans les délices spirituelles et la volupté du torrent. O Juda, rendez vos vœux au Seigneur, parce qu’ils ne passeront plus désormais chez vous, vos ennemis, pour vous emmener dans la vieillesse, c’est-à-dire ceux qui veulent que vous portiez l’image du vieil homme, parce que ce qui est vieux tend à la décrépitude, et ce qui tombe dans la décrépitude est près de sa perte. Le monde est à sa fin, votre ennemi est anéanti ; Jésus-Christ vient à vous, qui avait soufflé d’abord sur votre face, quand il vous forma d’un peu de limon, et qui, après sa résurrection, soufflant sur le visage des Apôtres, leur dit : « Recevez le Saint-Esprit », Jn. 20, 22, et c’est lui-même qui vous délivre de la tribulation ; car lorsque Ninive aura été détruite et que le monde passera, la tribulation passera avec lui.
« Voici celui qui doit ruiner vos murs à vos yeux, et vous assiéger de toutes parts ; mettez dos sentinelles sur les chemins, fortifiez vos reins, rassemblez toutes vos forces ; car le Seigneur va punir l’insolence avec laquelle les ennemis de Jacob et d’Israël les ont pillés, lorsqu’ils les ont dispersés et qu’ils ont gâté les rejetons d’une vigne si fertile. » Nah. 2, 1-2. La nécessité m’oblige de diriger le cours de mon commentaire entre l’histoire et l’allégorie, comme on manœuvre une nacelle entre les rochers et les écueils, sous la menace du naufrage, et je dois mettre toute mon attention à ne plus sombrer sur les brisants. Pour parler comme le poète profane : « Scylla menace mon flanc droit, et l’implacable Charybde mon flanc gauche », en sorte que, si je veux fuir l’écueil, je suis emporté vers un abîme, et, si je m’efforce d’échapper aux tourbillons du gouffre, je risque de me briser contre l’écueil. Le Seigneur m’est témoin que toutes les explications que je donne du texte hébreu, je ne les avance pas de mon propre chef, ce que Dieu reprend dans les faux prophètes ; mais que je suis l’exposition même des Hébreux qui m’ont instruit naguère, mon devoir étant d’indiquer aux miens, avec simplicité, ce qu’ils m’ont enseigné. Le lecteur demeure libre, après qu’il aura parcouru l’une et l’autre édition, de juger laquelle il vaut mieux suivre. La parole prophétique se tourne donc maintenant contre Ninive – l’obscurité des prophéties vient surtout de ce que soudain, pendant qu’il s’agit d’une chose, ce sont d’autres personnages qui entrent en scène, – et il lui est dit : Nabuchodonosor marche vers vous pour vous assiéger, pour ravager vos campagnes sous vos yeux, poursuivre les laboureurs, ruiner les moissons, et vous enfermer vous-même dans un étroit blocus. Et parce que la guerre vous menace, moi, prophète, je vous crie d’avance en ma joie : Examinez avec soin, regardez de toutes parts, et voyez ce qui vous arrive. Fortifiez vos reins, ceignez l’épée ; ayez recours à