Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/544

Cette page n’a pas encore été corrigée

une courge s’élevant en une seule nuit, lui eût-elle fourni un ombrage, puisqu’il est contre sa nature de s’élever au-dessus du sol sans le soutien de quelque tuteur, pièce ou roseau ? Quant au cicéion, tout en manifestant un miracle dans sa naissance subite et en montrant la puissance de Dieu dans la protection de son verdoyant ombrage, il suivait néanmoins sa nature. Le texte, pour ne pas abandonner complètement la citrouille, à cause de l’ami de la gourde, peut s’appliquer à la personne du Sauveur, de telle sorte que nous rappelions ce témoignage d’Isaïe : « la fille de Sion demeurera comme une loge de branchages dans une vigne, comme une cabane dans un champ de concombres, et comme une ville livrée au pillage. » Isa. 1, 8. Disons, puisqu’il n’est question nulle part ailleurs de la citrouille dans l’Écriture, qu’où le concombre naît, la aussi d’habitude croît la citrouille. Israël est comparé à cette plante, en ce qu’il cacha autrefois sous son ombre Jonas attendant la conversion des Gentils, et lui fut un sujet de grande joie en lui faisant un ombrage et une tente, plutôt qu’une maison, une cabane ayant l’apparence d’un toit sans avoir les fondements d’une maison. Quant au cicéion, notre plante médicinale, croissant rapidement et devenant promptement sec, if est en tout comparable à Israël, jetant de maigres racines en terre et s’efforçant à la vérité de s’élever, mais ne pouvant égaler la hauteur des cèdres et des sapins de Dieu. C’est là encore, à mon avis, ce que signifient les sauterelles dont se nourrissait Jean, qui a dit comme figure d’Israël : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » Jn. 1, 36 ; – la sauterelle, petit animal aux ailes débiles, qui s’élève au-dessus du sol sans pouvoir voler haut, en sorte qu’elle est plus qu’un reptile et moins qu’un oiseau.

« Mais dès le point du jour du lendemain, le Seigneur envoya un ver qui rongea la racine de la plante, et elle devint toute sèche ; et après le lever du soleil, Dieu fit souffler un vent brillant ; et, les rayons du soleil donnant sur la tête de Jonas, il fut vivement agité et souhaita de mourir, disant encore : Il vaut mieux pour moi mourir que vivre. » Jon. 4, 7, 8. Les Septante : « Mais le lendemain matin, Dieu donna l’ordre A un ver de ronger la racine de la citrouille, et elle devint toute sèche. Dès que le soleil fut levé, le Seigneur fit souffler un vent brillant, et la tête de Jonas étant exposée aux rayons du soleil, il se trouva dans un malaise extrême ; il éprouva le dégoût de la vie, et il dit encore : La mort m’est meilleure que la vie. » Avant le lever du soleil de justice, l’ombrage était verdoyant et Israël ne devenait pas sec ; après qu’il s’est levé, et que sa lumière a dissipé les ténèbres de Ninive, un ver est envoyé dès le point du jour du lendemain, et ce ver, au