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HOMÉLIE XLII.


APRÈS CES CHOSES, PAUL, PAR L’INSPIRATION DU SAINT-ESPRIT, RÉSOLUT D’ALLER A JÉRUSALEM ; EN PASSANT PAR L’ACHAÏE ET LA MACÉDOINE, IL DISAIT : « LORSQUE J’AURAI ÉTÉ LA IL FAUT QUE JE VOIE ROME ». AYANT DONC ENVOYÉ EN MACÉDOINE DEUX D’ENTRE CEUX QUI LE SERVAIENT, TIMOTHÉE ET ÉRASTE : IL PASSA LUI-MÊME UN CERTAIN TEMPS EN ASIE. IL ARRIVA QUE PENDANT CE TEMPS IL Y EUT UN GRAND TROUBLE TOUCHANT LA VIE DU SEIGNEUR. (CHAP. 19, VERS. 21-23, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Événements d’Ephèse ; sédition de Démétrius. – L’appât du gain en est la cause. – Le juif Alexandre apaise la foule. – Son discours. – Commentaire sur le discours de Démétrius.
  • 3 et 4. Bons effets de la tribulation. – Comparaison entre le deuil et la joie : La maison où se fait une noce et celle qui est dans le deuil ; le théâtre et la prison ; l’âme plongée dans les délices, et celle qui est dans l’affliction.


l. Lorsqu’il eut demeuré assez longtemps dans cette ville, Paul voulut s’en aller ailleurs. C’est pour cela qu’il envoie Timothée et Eraste en Macédoine, tandis qu’il reste encore quelque temps à Éphèse. Mais comment se fait-il qu’ayant d’abord eu la pensée d’aller en Syrie, il se détermine maintenant à passer en Macédoine ? Cela montre qu’il ne fait rien par sa propre volonté. Il prophétise en disant : « Il faut que je voie Rome ». Peut-être dit-il cela pour consoler les disciples comme s’il leur disait : Je ne reste pas, mais je reviendrai ; la prophétie qu’il ajoute est aussi un moyen de les encourager. De là il me semble que c’est d’Éphèse qu’il écrit aux Corinthiens, leur disant : « Je ne veux pas que vous ignoriez la a tribulation qui nous est arrivée en Asie ». (2Cor. 1, 8) Comme il a promis d’aller à Corinthe, il s’excuse de son retard par l’épreuve qu’il a eue à subir, entendant par là ses démêlés avec Démétrius. C’est ce Démétrius qui suscita ce grand trouble dont parle saint Luc. Nouveau danger, nouvelle commotion. Voyez-vous quel éclat jette la vertu de Paul ? Un double prodige s’opère, et les Juifs persistent dans la contradiction. Mais tout concourt au progrès de l’Évangile. « Un homme nommé Démétrius, orfèvre, qui faisait des temples a de Diane en argent, donnait beaucoup à gagner à ceux de ce métier. Il les réunit ainsi que d’autres qui étaient intéressés à ces sortes d’ouvrages et leur dit : Hommes, vous savez que le gain nous vient de cet art ; et vous voyez et vous apprenez que non seulement à Éphèse, mais encore dans presque toute l’Asie, ce Paul a persuadé et entraîné une foule nombreuse, en disant : « Ceux-ci ne sont pas des dieux qui sont fabriqués par la main des hommes, non seulement par là notre art est en danger de se perdre, mais il est à craindre que le temple de la grande Diane ne soit plus compté pour rien, et que soit détruite la majesté de celle que vénère toute l’Asie et l’univers (24-27) ». – « Qui faisait des temples de Diane en argent », dit l’auteur. Comment peut-on faire des temples en argent ? Ce n’était probablement que de petites boîtes. Diane était en grande vénération à Éphèse : l’incendie du temple causa tant d’affliction aux Éphésiens ; qu’on défendit de prononcer jamais le nom de celui qui y avait mis le feu. Remarquez que partout l’idolâtrie ne subsiste que par l’argent. Les ouvriers sont poussés par l’argent, Démétrius est poussé par l’argent ; le danger de leur religion n’est pas ce qui les fait agir, mais bien la crainte de voir disparaître leur gain. Voyez la malice de cet homme : il était opulent, et par conséquent