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croient que c’est un homonyme[1]. Que ce soit l’un ou l’autre, il est inutile de le rechercher, il faut seulement recueillir ces paroles « Frères », dit Jacques… ; voilà un homme plein de bienveillance et une harangue plus parfaite encore, puisqu’elle termine le débat. « Comment Dieu a songé d’abord à prendre chez les gentils un peuple consacré à son nom : et il est d’accord avec les paroles des prophètes ». Comme il était connu depuis peu de temps et qu’il n’inspirait pas autant de confiance que les anciens, il cite une ancienne prophétie, disant : « Ainsi qu’il est écrit : « Je reviendrai ensuite édifier de nouveau la maison de David qui est tombée, je réparerai ses ruines et la relèverai (16) ; afin que le reste des hommes, et tous les gentils qui seront appelés de mon nom cherchent le Seigneur (17). C’est ce que dit le Seigneur qui « fait tout cela ». (Amo. 9,11) Quoi donc ? Jérusalem a-t-elle été relevée ? N’a-t-elle pas plutôt été détruite ? Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Quelle est donc la restauration dont il parle ? La même que celle qui suivit la ruine de Babylone. « Dieu connaît ses œuvres a de toute éternité (18) ». Tout cela est digne de foi, car il n’avance rien de nouveau, mais tout a été prévu dès le commencement.
Enfin, il donne son avis : « C’est pourquoi je juge qu’il ne faut point inquiéter les gentils qui se convertissent à Dieu (19), mais qu’on leur doit seulement écrire qu’ils s’abstiennent des souillures des idoles, de la fornication, des chairs étouffées et du sang (20). Car, quant à Moïse, il y a eu de tout temps, dans chaque ville, des hommes qui le prêchent dans les synagogues, où on le lit chaque jour de sabbat (21) ». Comme les gentils ne connaissaient pas l’ancienne loi, il leur en impose avec raison quelques prescriptions, pour ne pas paraître l’abroger. Voyez, du reste, qu’il ne les impose pas comme faisant partie de la loi, mais comme venant de lui-même, puisqu’il dit : « Je juge » ; c’est-à-dire, je le pense de moi-même et non pour l’avoir lu dans la loi. Ensuite on prononce la décision générale. « Alors il fut résolu, par les apôtres et les prêtres avec toute l’Église, de choisir quelques-uns d’entre eux, pour envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabé ils choisirent Jude, surnommé Barsabas, et Silas qui étaient les principaux d’entre les frères (22), et ils écrivirent par leur main ce qui suit… (23) ». Vous voyez qu’ils ne se contentent pas d’établir ces règles, mais pour qu’elles soient reçues avec plus de confiance, ils envoient quelques-uns d’entre eux, afin que Paul et ses amis ne soient pas suspects. Voyez aussi quelle sévérité dans les termes de cette lettre : « Les apôtres, les prêtres et les frères, à nos frères d’entre les gentils, qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut. Comme nous avons su que quelques-uns qui venaient d’avec nous vous ont troublés par leurs discours et ont renversé vos âmes (en vous disant de circoncire vos enfants et d’observer la loi de Moïse[2], sans que nous leur, en eussions a donné l’ordre (24) ». Cela suffisait pour condamner cette témérité, mais la bonté des apôtres les empêche d’insister. « Après nous être rassemblés dans un même esprit, nous avons jugé à propos de vous envoyer des personnes choisies, avec nos chers frères Barnabé et Paul (25), qui ont exposé leur vie pour le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ (26) ».
On voit par là que ce n’était pas un ordre tyrannique, qu’ils étaient tous d’accord et qu’ils n’avaient écrit qu’après avoir bien réfléchi. Nous avons choisi, disent-ils, des messagers parmi nous. Ensuite, afin qu’on ne pût croire qu’ils fussent envoyés pour nuire il Paul et à Barnabé, voyez l’éloge de ces apôtres ! « Ils ont exposé leur vie pour le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous vous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous annonceront la même chose de vive voix (27). Car il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous… (28) » (tout cela n’a donc rien d’humain, puisque c’est le Saint-Esprit qui le décide) « de « ne point vous imposer d’autres charges » : ainsi ils avouent de nouveau que la loi est une charge pesante ; du reste, ils s’expliquent à ce sujet : « D’autres charges que celles-ci qui a sont nécessaires : de vous abstenir de ce qui aura été sacrifié aux idoles, du sang, des chairs étouffées et de la fornication, dont vous ferez bien de vous garder (29) ». Certaines de ces prescriptions ne sont point dans la nouvelle loi, car le Christ n’en a point parlé ; mais ils empruntaient cela à l’ancienne loi. En parlant

  1. La Vulgate dit Simon, c’est-à-dire Pierre. Alors Jacques parle du discours qu’il vient d’entendre, ce qui parait plus naturel.
  2. Le passage entre parenthèses est dans le texte grec du Nouveau Testament, et non dans la Vulgate.