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plus estimés, il les indique pour marquer l’excellence de la loi divine, et nous faire connaître que nous devons désirer ces oracles de l’Esprit-Saint avec plus d’ardeur que les hommes ne recherchent l’or et les pierres précieuses. L’Écriture ne compare, en effet, les choses spirituelles aux choses sensibles qu’afin de relever l’utilité et la supériorité de ces dernières ; ainsi le Psalmiste ajoute qu’elles sont plus douces que les rayons du miel. Ici encore il ne veut pas établir une comparaison exacte, ni dire que le miel et la loi divine peuvent nous causer un égal plaisir, mais c’est qu’il n’a pu trouver dans la nature d’autres objets plus propres à nous faire comprendre la douceur de cette loi. Il cite donc l’or, les pierreries et le miel pour nous faire mieux apprécier l’excellence des oracles sacrés, et nous apprendre que l’intelligence des dogmes divins apporte plus de joie que la possession de ces trésors périssables.
Dans l’Évangile Jésus-Christ emploie la même méthode ; et comme un jour ses apôtres lui demandèrent l’explication de la parabole du bon grain et de l’ivraie, que l’homme ennemi avait semée parmi le froment, il daigna leur en expliquer en détail toutes les parties. Ainsi il leur, dit quel était ce champ et ce père de famille qui avait semé le bon grain, ce que, signifiait l’ivraie et quel était l’homme ennemi qui l’avait répandue ; il leur dit quels étaient les moissonneurs et ce que représentait la moisson, et il termina toutes ses explications par ces mots : Alors les justes resplendiront comme le soleil dans – le royaume de leur père. (Mt. 13,43) Sans doute leur éclat surpassera celui de cet astre, et néanmoins le Sauveur dit qu’ils égaleront sa splendeur, parce que la nature n’offre rien de plus brillant que le soleil. Dans ces sortes de comparaisons il faut donc bien moins s’arrêter au terme lui-même que s’en servir pour s’élever, des objets sensibles et matériels, jusqu’à l’éminente supériorité des choses spirituelles. Or, nous ne saurons jamais rechercher celles-ci avec trop d’empressement, car elles découlent de Dieu, et remplissent l’âme d’une joie ineffable : c’est pourquoi prêtez, à mes instructions, une oreille avide et attentive, afin que vous y trouviez les vraies richesses du salut, et que vous rentriez dans vos maisons tout remplis des principes de la sagesse qui est selon Dieu.
2, écoutons donc l’explication du passage de la Genèse, qui vient d’être lu, et rejetons toute pensée profane ou indifférente ; car l’Écriture est un code descendu du ciel pour notre salut. Quand on donne lecture d’un rescrit impérial, le silence le plus profond s’établit et soudain cesse le moindre bruit et la plus légère agitation ; toutes ; les oreilles sont attentives et tous sont impatients de connaître les volontés du prince. Celui-là s’exposerait donc à un grand danger, qui même, par un léger bruit, interromprait cette lecture ; mais l’Église nous commande une crainte bien plus respectueuse et un silence plus, profond encore. Nous devons également réprimer le tumulte des pensées profanes et étrangères, si nous voulons bien comprendre ces instructions et mériter, par notre docilité, que le Roi des cieux nous approuve et qu’il nous récompense en nous accordant des grâces nouvelles et plus abondantes.
Mais il est temps d’entendre les instructions, que nous donne l’écrivain sacré, qui parlait bien moins de lui-même que par l’inspiration du Saint-Esprit : Et le Seigneur Dieu, dit-il, prit l’homme qu’il avait formé ; il joint ensemble, dès le commencement de la phrase, les mots : Seigneur Dieu, pour nous indiquer qu’il y a ici un secret et un mystère, et que ces deux termes signifient une seule et même chose. Au reste je ne fais point cette remarque sans motif ; c’est afin qu’entendant l’Apôtre nous dire : Il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, d’où procèdent toutes choses, et un seul Seigneur, Jésus-Christ par qui toutes choses ont été faites (1Cor. 8,6), vous ne pensiez point qu’il existe quelque différence entre ces termes, et qu’ils marquent l’un, un caractère de supériorité, et l’autre, un caractère d’infériorité. L’Écriture les emploie donc indifféremment, et elle prévient ainsi toute dispute qui tendrait, par une fausse interprétation, à altérer nos dogmes sacrés. L’examen même du texte que je cite prouve, en effet, que l’Écriture n’attache à ces deux mots aucune signification spéciale et distincte ; car à quelle personne de la Trinité l’hérétique veut-il rapporter cette phrase : Et le Seigneur Dieu prit l’homme ? Au Père seul, soit. Mais écoutez l’Apôtre qui nous dit : Il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, d’où procèdent toutes choses, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui toutes choses ont été faites. Ne voyez-vous pas qu’il nomme le Fils Seigneur ? et pourquoi donc