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dans le monde entier. Ainsi les soins et la sollicitude de l’Apôtre embrassaient, comme les rayons du soleil, l’immensité de l’univers.
Quel cœur large ! et quelle grande âme ! Mais les paroles suivantes effacent tout le reste par leur sublimité : Qui est faible, dit-il, sans que je m’affaiblisse avec lui, et qui est scandalisé sans que je brûle  ? (2Cor. 2,29) Ah ! quelle tendresse de père pour ses enfants ! quelle charité ! quelle vigilance et quelle inquiétude ! Le cœur d’une mère souffre-t-il autant près du lit où les ardeurs de la fièvre retiennent son fils, que celui de Paul qui s’affaiblissait avec tout chrétien faible, n’importe en quel lieu il habitât, et qui brûlait avec tout fidèle qui était scandalisé ? Et en effet, considérez la force et l’énergie de l’expression ; il ne dit pas : qui est scandalisé sans que je m’attriste, mais, sans que je brûle ; il nous indique ainsi toute la vivacité de sa douleur ; c’était comme un feu ardent qui le dévorait ; telle était sa compassion pour tous ceux qui étaient scandalisés.
Mais je m’aperçois que cet entretien se prolonge indéfiniment, quoique j’eusse résolu d’être court, afin de ne pas vous aggraver la fatigue du jeûne. C’est que mon sujet m’a conduit à parler des éminentes vertus de l’Apôtre ; et alors mes paroles ont coulé comme un fleuve impétueux. Je termine donc en vous priant, mes chers frères, de vous souvenir souvent de saint Paul, et surtout de ne pas oublier qu’il était homme comme nous, et soumis aux mêmes faiblesses. Il exerçait, en outre, un métier vil et peu relevé, celui de faire des tentes, et passait une partie de sa vie dans les boutiques : et cependant, parce qu’il le voulut sincèrement, il posséda toutes les vertus et devint le temple de l’Esprit-Saint, qui le remplit de la plénitude de ses grâces. Et nous aussi, si nous voulons taire ce qui dépend de nous, nous pouvons obtenir les mêmes avantages. Car notre Dieu est généreux, et il veut que tous les hommes soient sauvés, et qu’ils parviennent à la connaissance de la vérité. (1Tim. 2,4) Il ne nous reste donc qu’à nous rendre dignes de ses bontés, et à embrasser avec zèle, quoique un peu tard, la pratique des vertus chrétiennes. Nous devons également travailler à dompter nos passions, afin que nous devenions, comme l’Apôtre, les temples de l’Esprit-Saint. Puissions-nous y parvenir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient, avec le Père et l’Esprit-Saint, la gloire, l’honneur et l’empire, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.