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maîtres, pour nous enseigner la fornication, l’adultère, l’inceste ? Et Ézéchiel : « Vous n’avez pas même agi selon les lois des Gentils. » (5, 7) Eh quoi ! Ces hommes pires que les Gentils ; Dieu les choisit pour ses envoyés ? Et leurs homicides, qui pourrait en supporter l’idée ! Ils immolaient aux démons leurs fils, leurs filles, et les brûlaient. C’est ce que nous apprend David par ces mots. « Ils ont sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons. » (Ps. 105,37) Est-ce pour cela que Dieu les a envoyés, pour que le genre humain apprît d’eux, qu’il faut égorger ses fils et ses filles ? Vous ne rougissez pas, vous ne vous voilez pas la face, vous qui osez forger de pareilles inventions ? Un autre dit : « Ils mêlent le sang au sang, malédiction, mensonge, vol, homicide, adultère, se sont répandus dans le monde. » (Os. 4,2) Un autre dit : « Tu t’es fait un front de prostituée ; tu as dépouillé toute pudeur aux yeux de tous. » (Jer. 3,5) Un autre : « Vos princes sont comme les loups de l’Arabie. » (Ez. 22,27) Un autre : « Il n’est personne qui comprenne, personne qui cherche Dieu. » (Sop. 3,3) « Tous sont dévoyés, tous sont tombés à rien. » (Ps. 13,2, 3)
5. Voilà donc ce que vous êtes venus enseigner, l’impudeur, la démence, la fornication, l’adultère, le meurtre, tous les genres de vice ? Vous voulez nous forcer encore d’étaler vos crimes, à tous les yeux ? C’est vous qui êtes « portés dans le sein, et instruits jusqu’à la vieillesse. » (Is. 46,3) C’est vous qui êtes les aveugles, et qui vous jetez mutuellement dans la fosse. « Si un aveugle sert de guide à un aveugle, tous deux tomberont dans la fosse. » (Mt. 15,14 ; Lc. 6,39) Vous qui avez eu tant de prophètes sans jamais devenir meilleurs, étiez-vous faits pour devenir les précepteurs d’autrui ? Ne cesserez-vous pas de déraisonner ainsi, au lieu de convenir de votre perversité ? Voilà ce qui vous a toujours perdus : ne vouloir jamais remonter à l’origine de vos maux. Aussi pareil aux juges qui font suivre ceux que l’on fouette par des crieurs chargés de proclamer leur crime, vol ou rapine à main armée : Dieu vous a fait constamment escorter par des prophètes qui vous révélaient la cause de vos châtiments. Encore aujourd’hui ils vous suivent par toute la terre dans votre esclavage, et vous répètent les mêmes cris. Entrez clans les synagogues : vous entendrez les mêmes paroles assidûment redites. David faisant allusion au futur jugement, ou plutôt au brigandage de Caïphe, dit que telle est la cause de votre perte. Après avoir dit : « Brisons leurs liens, et rejetons leur joug loin de nous (Ps. 2,3) », il ajoute : « Alors il leur parlera dans sa colère, et dans son courroux il les troublera. » (Id. 5,5) Après ces mots : « Il fut conduit comme une brebis à l’immolation », Isaïe poursuit en ces termes : « Et je donnerai les méchants pour sa sépulture, et les riches pour sa mort. » (Is. 53,9) Et ailleurs, en parlant de la vigne : « J’ai attendu afin qu’il fît justice ; mais il a fait iniquité et non justice, et a poussé un cri. » (Id. 5,7) Quel cri ? « Crucifie, Crucifie. » (Lc. 23,21) Et il ajoute : « À cause de cela je renverserai son rempart, et il sera foulé aux pieds : et je recommanderai aux nues, de ne pas verser sur lui la pluie. » (Is. 5,5-6) La raison de votre dispersion n’est donc pas celle que vous dites, mais bien le crime du crucifiement : les Prophètes le démontrent. Et, afin que vous compreniez la puissance du Christ, et que vous vous instruisiez par vous-mêmes de ce que les prophètes n’ont pas su vous persuader, consultez le témoignage des faits. La puissance du Christ a opéré en vous-mêmes le miracle que n’avaient pas su faire les prescriptions de la loi. Tant que vous avez eu la loi, vous avez tué, égorgé vos enfants, commis l’adultère mais du jour où le Soleil de la justice a brillé, l’empire du mal a diminué parmi vous-mêmes, et votre émulation vis-à-vis de nous vous a rendus plus vertueux. Si Dieu vous a dispersés, c’est pour vous faire mesurer la grandeur de l’empire qu’il a fondé ici-bas ; s’il a ruiné votre temple, c’est pour vous arracher, en dépit de vous-mêmes, à l’iniquité. Et là où fut détruit le temple, là le Christ fut enseveli, afin que, fuyant loin de son sépulcre, vous pussiez voir le trophée élevé par sa puissance, et la réalisation de la parole qui dit : « Il ne restera pas ici pierre sur pierre. » (Mt. 24) En effet, partout il a des trophées, partout des monuments de son pouvoir. Mais, si c’était un impie, un ennemi de Dieu, comme vous le prétendez, quels qu’aient pu être vos excès à son égard, vous n’auriez pas dû subir un pareil châtiment ; sinon, ce n’était pas tout au moins le moment, car cela est propre à faire croire que tel est le motif de