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du moins il ne tint qu’à elle de l’être) par les saints ? Et même avant cela le déluge, la confusion des langues, avaient été propres à ouvrir les yeux des hommes. Car, afin que le temps ne fit pas tomber dans l’oubli ce dernier événement, l’endroit prit le nom de Babylone en souvenir de la confusion des langues : de telle manière que ce nom servît de guide pour remonter au principe des faits, et apprendre – à connaître la puissance de Dieu. Par là, les habitants de l’Occident eux-mêmes furent tous informés de tout parles propos des marchands égyptiens. D’ailleurs à l’origine, cette partie du monde n’était pas fort peuplée : les hommes étaient ramassés en grand nombre dans les contrées de l’Orient, c’est de là qu’Adam était sorti, c’est là que vécurent les races issues de Noé, même après Babel. Elles demeurèrent aux mêmes lieux et habitèrent surtout l’Orient. Ce qui n’empêcha point qu’à chaque génération, Dieu ne leur donnât de nouveaux instituteurs. Noé, Abraham, Isaac, Melchisédech. Voilà pourquoi notre prophète se sert des choses arrivées aux saints, pour ramener ceux qui vivent dans l’iniquité, en disant : « Reconnaissez que le Seigneur a couvert son saint d’une gloire admirable. » Qu’est-ce à dire ? Cela signifie qu’il a rendu vénérable, glorieux, illustre, auguste, celui qui s’est consacré à lui. Apprenons donc, en considérant le serviteur et son histoire, quelle est la puissance du Maître. David ne se borne pas à dire : Il lui a fait du bien, il dit : « Il l’a couvert d’une gloire admirable », faisant entendre qu’il se montra envers lui prodigieusement, miraculeusement prodigue. Ainsi arriva-t-il pour Abraham, non seulement il lui donna une épouse vierge, mais encore il le rendit digne d’admiration : et son bienfait ne consista point seulement à le préserver de tout mal, mais encore à le faire briller en Égypte d’un grand éclat. Une de ces faveurs, celle d’être affranchi de toute incommodité, Abraham la dut à sa justice : l’autre lui fut accordée pour le bien d’autrui, je parle de son retour miraculeux. La même chose arriva pour les trois jeunes gens, la même chose pour les lions, pour la baleine et Jonas ; partout Dieu sauve miraculeusement non pas tous indistinctement, mais le juste.
7. Vous avez vu comment, outre la connaissance de Dieu, il nous prescrit encore une vie pure, nous enseignant par là à fonder l’espoir de notre salut non seulement sûr la bonté de Dieu, mais encore sur le mérite de nos propres actions ? « Le Seigneur m’exaucera quand je crierai vers lui. » Il vient de dire que le Seigneur l’a rendu admirable : il ne s’en tient pas là et indique une nouvelle espèce de félicité. Laquelle donc ? C’est d’avoir Dieu constamment pour allié, pour auxiliaire, de trouver en lui un appui permanent. En effet ce n’est pas une, deux, trois fois, c’est constamment qu’il nous secourt, dit-il, c’est toutes les fois que, nous l’invoquons ; et voyez ici encore cette promptitude. Il disait plus haut : « Quand je l’invoquais, il m’a exaucé, le Dieu de ma justice : » et de même ici : quand je crierai vers lui.
Mais dira-t-on, comment se fait-il que tant de gens ne soient pas exaucés ? c’est qu’ils demandent des choses qu’il ne leur serait pas avantageux d’obtenir. Alors, en effet, mieux vaut n’être pas entendu que de l’être. Par conséquent, même exaucés, ne nous hâtons pas de nous réjouir ; même non exaucés, ne cessons pas de glorifier Dieu. Car, ou bien nous demandons des choses qui ne nous sont pas avantageuses : et dans ce cas, c’est un profit pour nous de ne pas les obtenir : ou bien nous demandons négligemment, et alors, en différant ses dons, Dieu nous invite à la persévérance, ce qui n’est pas un mince avantage : « Car si vous savez donner de bonnes choses à vos enfants » (Mt. 7,11), à plus fortes raison notre Dieu, qui sait donner, et quand il faut donner, et quoi donner. Paul même demanda sans obtenir, parce qu’il demandait une chose qui ne lui aurait pas été avantageuse : Moïse pareillement, et Dieu ne l’exauça pas non plus. Gardons-nous donc de renoncer, lorsque nous ne sommes pas entendus, dé nous décourager, de nous endormir : persévérons, au contraire, avec constance dans nos sollicitations. Car Dieu fait tout selon qu’il est utile. « Mettez-vous en colère, mais gardez-vous de pécher : soyez touchés de componction dans vos lits, sur les choses que vous méditez au fond de vos cœurs. » Ce qui j’ai dit plus haut, je le répète en cet endroit : Voulant les amener à la connaissance de Dieu, il délivre leur âme de ses infirmités. Car il sait qu’une vie corrompue est un obstacle à la parfaite intelligence des dogmes sublimes. Paul fait allusion à la même chose en disant : « Je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels. » (1Cor. 3,1)