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grand conseil, le Conseiller : par excellence, le Dieu puissant, le Prince de la, paix, le Père du siècle futur, le Fils unique de Dieu, qui est consubstantiel au Père, et par qui tout a été créé ? C’est à lui que le Seigneur dit : Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance. Ce passage suffit pour confondre les ariens. Car Dieu le Père ne commande point à son Fils comme à un sujet et un serviteur, ni même comme s’il lui était inférieur en substance ; mais il lui parle comme à son égal, en disant : Faisons l’homme, et il proclame sa parfaite consubstantialité en ajoutant : Faisons l’homme à notre image et ressemblance.
Ici s’élèvent d’autres hérétiques qui combattent l’enseignement de l’Église, et qui concluant de cette parole à notre image que Dieu aune forme humaine. Mais n’est-ce point le dernier degré de la folie que de donner une forme humaine à l’Être qui est un, simple et immuable, et d’attribuer un corps et des membres à Celui qui est un pur esprit ? Peut-on rien inventer de plus extravagant, et qui blesse d’une manière plus choquante l’inspiration et le sens des divines Écritures ? Ces hérétiques ressemblent à des personnes dont l’estomac est malade, ou dont les yeux sont faibles. L’infirmité de leur vue les empêche de soutenir l’éclat du soleil, et leur mauvaise complexion les porte à repousser tes meilleurs et les plus salutaires aliments. C’est ainsi que ces hérétiques qui ont l’âme malade, et es yeux de l’esprit mal affectés, ne peuvent supporter la lumière de la vérité. Mais notre ministère nous oblige à leur tendre la main, et à leur parler avec la plus bienveillante douceur. Tel est l’avis que nous donne l’Apôtre. Instruisez, dit-il, avec douceur ceux qui résistent à la vérité, dans l’espérance que Dieu pourra leur donner et l’esprit de pénitence pour la leur faire connaître, et la sobriété de l’esprit pour qu’ils sortent des pièges du démon qui les tient captifs, et en fait ce qu’il lui plaît. (2Tim. 2,25-26) Voyez-vous comme il nous es représente abrutis par l’ivresse, et plongés dans un profond abîme, lorsqu’il dit que Dieu leur donnera de recouvrer la sobriété de l’esprit ? Il dit encore qu’ils vivent sous l’esclavage du démon, c’est-à-dire qu’ils sont pris et enveloppés dans ses filets. Nous ne pouvons donc les en retirer que par beaucoup de patience et beaucoup de douceur. C’est pourquoi disons-leur amicalement : Réveillez-vous un peu, ouvrez les yeux aux clartés du Soleil de justice, et pesez avec nous les expressions de l’Écriture. Car après avoir rapporté cette parole : Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance, elle s’empresse d’ajouter les suivantes, qui nous font manifestement connaître dans quel sens elle prend le mot image. Que l’homme domine sur les poissons de la mer, et sur les oiseaux du ciel, et sur tous les reptiles qui se meuvent sur la terre. Ainsi le mot image ne signifie qu’un rapport d’autorité et d’empire, et ne peut recevoir un autre sens. Et en effet, Dieu a établi l’homme roi de l’univers. Rien sur la ferre ne l’égale en dignité, et toutes les créatures lui sont soumises.
4. Nos adversaires veulent-ils encore, même après une explication si catégorique, entendre ce mot image d’une forme corporelle ? nous leur dirons que Dieu n’est pas seulement homme, mais femme aussi, puisque la forme humaine se retrouve dans les deux sexes. Mais ce serait vraiment trop absurde ; et il suffit pour s’en convaincre de lire ce passage de l’Apôtre : L’homme ne doit point se couvrir la tête, parce qu’il est l’image et la gloire de Dieu ; au lieu que la femme est la gloire de l’homme. (1Cor. 2,7) Et en effet, l’homme commande et la femme lui est soumise, ainsi que Dieu le lui a signifié dès le commencement. Tu seras sous la puissance de ton mari, et il te dominera. (Gen. 3,16) Ainsi l’homme a été fait à l’image de Dieu parce qu’il entre en participation de son autorité, et non point parce que Dieu a une forme humaine. L’homme commande donc à toutes les créatures, et même à la femme qui lui est assujettie. C’est pourquoi saint Paul a dit de l’homme qu’il est l’image et la gloire de Dieu, et de la femme, qu’elle est la gloire de l’homme. Mais si les paroles de l’Écriture devaient s’entendre de la forme et de la figure, la distinction que fait ici l’Apôtre serait inutile, puisque la nature humaine est la même dans l’homme et dans la femme.
Tel est le véritable sens de ce passage de la Genèse, et il ne laisse aucun prétexte, à ceux qui s’obstinent aveuglément à le rejeter. Mais, quoi qu’il en soit, ne cessons point de les traiter avec douceur, car peut-être le Seigneur leur donnera-t-il l’esprit de pénitence qui les amènera à reconnaître la vérité. (2Tim. 2,25) Ainsi donnons à notre zèle une nouvelle activité, et efforçons-nous par notre douceur de les arracher aux pièges du démon. Citons-leur