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TROISIÈME HOMÉLIE.


SUR ANNE ET L’ÉDUCATION DE SAMUEL : QU’IL EST BON D’ENFANTER TARD ; QU’IL EST FUNESTE DE NÉGLIGER SES ENFANTS.

ANALYSE.

  • 1. Anne exaucée. Profit qu’on peut retirer de son exemple.
  • 2. Piété d’Anne consacrant son fils à Dieu.
  • 3. Comparaison entre son sacrifice d’une part, de l’autre, celui du prêtre et celui d’Abraham. Sa modestie, sa gratitude.
  • 4. Anne bénie du Seigneur : proposée pour modèle aux mères.
  • 5. Parallèle de la cité céleste et des cités mondaines. La confession par la foi et la confession par les œuvres.


1. Si je ne vous parais point monotone et fatigant, je veux revenir sur le même sujet dont je vous ai déjà entretenus l’autre jour, je veux vous ramener auprès d’Anne, et entrer avec vous dans le champ que nous ouvrent les mérites de cette femme : c’est comme une prairie où foisonnent non les roses, ni les fleurs qui passent, mais la prière, la foi, la résignation. Bien plus doux que l’odeur des fleurs printanières, est le parfum de ces vertus, arrosées non par l’eau des sources, mais par des pluies de larmes. Les fontaines rendent moins florissants les jardins désaltérés par elles, que les larmes versées, en humectant l’arbre de prière, ne lui donnent de force pour monter aux sublimes hauteurs : l’exemple d’Anne en est une preuve. Elle parle, et du même élan sa prière monte au ciel et fructifie, en lui donnant le bienheureux Samuel. Ne prenez donc point d’impatience, si nous rentrons dans le même sujet. Car nous ne vous dirons point la même chose, mais des choses nouvelles et inattendues. C’est ainsi qu’un même mets peut paraître sur une table préparée de mille manières différentes. C’est ainsi encore que les orfèvres, d’un seul lingot d’or tirent des bracelets, des colliers, et nombre d’objets divers. La matière est semblable, mais l’art varie, et grâce aux ressources, aux expédients dont il dispose, l’uniformité de la substance qui lui est livrée ne limite en rien son indépendance. S’il en est ainsi des choses du monde, à plus forte raison faut-il en dire autant de la grâce du Saint-Esprit. Écoutez en quels termes Paul nous atteste la variété, la profusion de formes et d’apparences de cette, table spirituelle : À l’un est donnée par l’Esprit la parole de sagesse : à un autre la parole de science, à un autre la foi, à un autre la grâce de quérir, les dons d’assistance, de gouvernement, celui des langues diverses. Or, tous ces dons, c’est le seul et même Esprit qui les opère, les distribuant à chacun comme il veut. (1Cor. 12,8-11) Voyez-vous quelle variété ? Les fleuves sont nombreux, suivant l’apôtre, mais la source est la même les mets sont variés, mais l’hôte est unique. Ainsi donc, puisqu’il y a tant de variété dans la grâce de l’Esprit, ne nous lassons point. Nous avons vu Anne stérile, nous l’avons vue mère, nous l’avons vue dans les larmes, nous