Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’Esprit de sagesse, oubliez ce qui est derrière vous, et efforcez-vous d’avancer vers ce qui est devant vous. Et puisque vous renouvelez aujourd’hui vos premiers engagements avec Jésus-Christ, conservez-les fermes et inviolables. Que la prudence chrétienne ferme désormais l’entrée de vos cœurs à toutes les séductions du démon ; et n’oubliez rien pour réparer vos négligences passées, et effacer de votre âme la tache du péché. Ainsi corrigez-vous de la mauvaise et funeste coutume d’assister aux courses de l’hippodrome ; et soyez bien persuadés que ceux qui y courent avec tant d’empressement, se nuisent beaucoup, et par leur coupable curiosité, et par le scandale qu’ils donnent aux juifs et aux païens. Et en effet lorsque ceux-ci voient pêle-mêle avec eux dans le cirque des chrétiens qui viennent chaque jour à l’église, et qui y reçoivent la doctrine sainte, que peuvent-ils penser de nos mystères ? ne les prendront-ils pas pour des illusions, et nous-mêmes pour des imposteurs ? N’entendez-vous pas le bienheureux Paul qui nous crie à haute voix : Ne donnez point occasion de scandale. Mais à qui ? aux chrétiens seulement, et à ceux de notre croyance ? non certes ; mais d’abord aux juifs, puis aux païens, et enfin à l’Église de Dieu. (1Cor. 10,32) Car rien n’est plus nuisible et plus funeste à notre religion que de scandaliser les infidèles. Et en effet lorsqu’ils voient des chrétiens se signaler par leurs vertus, et prendre comme en pitié du haut des cieux la vie humaine ; ses intérêts et ses préoccupations, les uns s’extasient d’admiration, et les autres sont muets d’étonnement, parce que, hommes comme nous, ils ne peuvent s’élever à cet héroïsme. Mais aussi dès qu’ils surprennent dans les fidèles quelque relâchement, ou quelque négligence, ils aiguisent soudain leur langue contre nous tous, et jugent de tous les chrétiens d’après la faute d’un seul. Que dis-je ? ils font rejaillir leurs blasphèmes sur notre divin Chef lui-même, dont ils critiquent la religion, et ils nous opposent la lâcheté de quelques mauvais chrétiens comme une légitime excuse de leurs erreurs.
2. Mais voulez-vous connaître combien sont coupables toux qui donnent occasion à ce scandale ? écoutez le prophète Isaïe qui nous dit, au nom du Seigneur : Malheur à vous, parce que mon nom est blasphémé à cause de vous parmi les gentils ! (Is. 52,5) Cette parole est terrible, et bien propre à nous remplir d’effroi. Car ce mot : malheur, est comme une exclamation de douleur à la vue du supplice inévitable auquel s’exposent ceux par qui arrive le scandale. Mais s’ils ne peuvent éviter une condamnation sévère, et d’affreux châtiments, parce que leur négligence a fait blasphémer le nom du Seigneur, disons aussi que le zèle de la vertu et du bon exemple devient un titre aux plus belles récompenses. C’est ce que Jésus-Christ lui-même nous enseigne, quand il nous dit : Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. (Mt. 5,16). Car si les païens se scandalisent de la conduite de quelques chrétiens, et en prennent occasion d’aiguiser leurs langues contre Dieu, par un effet contraire, dit le Sauveur, les hommes qui admireront en vous la pratique de toutes les vertus, ne pourront d’abord que vous louer ; et puis en voyant l’éclat de vos bonnes œuvres, et la splendeur qui en rejaillit sur vous, ils se sentiront portés à glorifier votre Père qui est dans les cieux ; et cette gloire que nous aurons ainsi procurée au Seigneur augmentera nos mérites, et lui-même nous en récompensera par les plus riches faveurs. Il nous l’assure en ces termes : Je glorifierai ceux qui me glorifieront. (1Sa. 2,30)
N’épargnons donc rien, mes chers frères, pour faire glorifier le Seigneur, notre Dieu, et ne donner à personne occasion de scandale. Le docteur des nations, le bienheureux Paul, nous le recommande sans cesse, et il nous dit Si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais aucune viande ; et même il avait dit précédemment que : péchant de la sorte contre nos frères, et blessant leur conscience faible, nous péchons contre Jésus-Christ. (1Cor. 8,12-13) Ces menaces sont terribles, et entraînent une sévère condamnation. C’est comme si l’Apôtre nous disait : Gardez-vous bien de croire que le scandale n’atteigne que votre frère, il rejaillit jusque sur le Christ qui a été crucifié pour votre frère. Mais si votre Maître n’a point dédaigné de souffrir à cause de lui la mort de la croix, pouvez-vous prendre trop de précautions pour ne point le scandaliser ?
Tels sont les conseils qu’il donne en toute circonstance à ses disciples, et qu’il leur recommande comme un excellent moyen de conserver