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notre image, montrant que l’image est une, que la ressemblance est une. Or, de Dieu et des anges, ni l’image n’est une, ni la ressemblance n’est une. Et comment, en effet, du Maître et des serviteurs l’image serait-elle une, ainsi que la ressemblance ? Vous voyez bien que votre faux raisonnement est confondu de toutes parts ; l’image proposée ici, c’est l’image de la domination comme la suite du texte le fait voir. Car après avoir dit : A notre image et ressemblance, il ajoute : Et dominez sur les poissons de la mer. Or, la domination de Dieu et celle des anges ne peuvent être une seule et même domination. Comment se pourrait-il faire, s’il y a d’un côté, les serviteurs, de l’autre le Maître ; d’un côté les ministres, de l’autre celui qui commande ?
Mais voici maintenant d’autres contradicteurs. Dieu a la même image que nous, disent-ils, parce qu’ils ne comprennent pas la parole. En effet, Dieu n’a pas entendu l’image de la substance, mais l’imagé de la domination, comme nous allons le montrer par la suite. Car ce qui fait voir que là forme humaine n’est pas la forme de la divinité, c’est ce que dit Paul : Pour ce qui est de l’homme, il ne doit point se couvrir la tête, parce qu’il est l’image et la gloire de Dieu, au lieu que la femme est la gloire de l’homme. (1Cor. 11,7) C’est pourquoi, dit-il, elle doit avoir un voile sur la tête. (Id. 10) Il est évident que si, dans ce passage, Paul a exprimé, par le mot image, la parfaite et entière ressemblance de la forme humaine et de la forme de Dieu, s’il a dit que l’homme est l’image de Dieu, parce que Dieu a été représenté sous la forme humaine, selon les idées de ces juifs, il n’aurait pas dû dire, de l’homme seulement, qu’il avait été fait à l’image de Dieu ; il aurait dû le dire de la femme aussi. En effet, pour la femme et pour l’homme, la figure, la forme, la ressemblance est une. Pourquoi donc dit-il que l’homme est fait à l’image de Dieu ? Pourquoi n’en dit-il pas autant de la femme ? C’est qu’il n’entend pas l’image quant à la forme, mais quant 'à la domination, qui n’appartient qu’à l’homme seul, et non à la femme. L’homme, en effet, n’a pas de créature qui lui soit supérieure ; la femme est soumise à l’homme, selon la parole de Dieu : Vous vous tournerez vers votre mari et il vous dominera, (Gen. 3,16) Voilà pourquoi l’homme est l’image de Dieu c’est qu’il n’y a personne au-dessus de lui, de même qu’il n’est aucun être au-dessus de Dieu. La domination appartient à l’homme, quant à la femme, elle est la gloire de l’homme, parce qu’elle est soumise à l’homme. Autre preuve, ailleurs : Nous ne devons pas croire que la Divinité ressemble à de l’or, ou à de l’argent, ou, ci une pierre, ou à toute forme sculptée par l’art ou conçue par la pensée de l’homme. (Act. 2) Ce qui revient à dire, que non seulement la Divinité surpasse toutes les formes visibles, mais que la pensée humaine ne peut concevoir aucune forme qui ressemble à Dieu. Comment donc peut-il se faire que Dieu ait la figure de l’homme, lorsque Paul déclare que la pensée même ne peut concevoir la forme de l’essence de Dieu ? Quanti notre figure, notre pensée peut facilement se la représenter. Je m’étais encore proposé de vous parler de l’aumône ; mais le temps ne nous le permet pas. Nous nous arrêterons donc ici. Mais auparavant, nous voulons vous exhorter à garder – soigneusement le souvenir de tout ce que vous avez entendu ; à bien vous attacher à la sagesse, à la parfaite rectitude de la conduite, afin qu’il ne soit pas dit que nos collectes sont inutiles ici, et sans fruit pour vous. Nous aurions beau conserver les opinions droites ; si nous n’y ajoutons pas la vertu des bonnes œuvres, nous serons absolument déchus de la vie éternelle. Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n’entreront pas tous dans le royaume des cieux ; mais celui-là seulement y entrera, qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. (Mt. 7,21) Appliquons-nous donc ardemment à faire cette volonté de Dieu, ; afin que nous puissions entrer dans le ciel, et conquérir les biens préparés à ceux qui chérissent le Seigneur. Puissions-nous tous être admis à ce partage, par là grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, l’empire, l’honneur, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.