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pain, c’est bien quelque chose de solide et de dur ; le sang au contraire est mou et fluide ; le bon pain est blanc de la couleur du froment, le sang est rouge et noir ; passez en revue lés autres différences, vous trouverez que le pain et le sang sont loin de se ressembler ; expliquez donc ce fait,.répondez-moi, rendez-moi compte ; impossible à vous. Comment vous, qui ne pouvez rendre compte de votre nourriture, qui se change tous les jours en d’autres substances, vous me demanderez de vous rendre compte de la création opérée pat Dieu ! Eh ! n’est-ce pas le comble de la démence ? Si Dieu nous ressemble, demandez-lui compte de ce qu’il fait ; je me trompe, je retire cette concession. Il y a certes un grand nombre d’ouvrages humains que nous ne pouvons expliquer ; par exemple : comment, avec du minerai, fait-on de l’or ? comment le sable se change-t-il en un verre transparent ? Des produits de l’industrie humaine, c’est de beaucoup le plus grand nombre que nous ne pouvons expliquer. Pourtant, non : si Dieu nous ressemble, je veux bien que vous lui demandiez compte ; mais maintenant, si un immense intervalle le sépare de nous, s’il est, d’une manière incomparable, au-dessus de nous, n’est-ce pas le comble de la démence, pour ceux qui reconnaissent sa sagesse et sa puissance infinie, ce qu’il a de divin, d’incompréhensible, d’aller, comme s’il s’agissait de quelque industrie humaine, lui demander compte, en détail, de chacun de ses ouvrages ? Eh bien donc, laissant de côté ces raisonnements, revenons à notre pierre, à notre roc inébranlable. Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Tenez-vous sur ce fondement solide afin de résister aux flots des pensées humaines. Les pensées des mortels sont timides, et incertaines leurs inventions. (Sag. 9,14) N’abandonnez donc pas ce qui est ferme, pour confier le salut de votre' âme à la faiblesse, à (erreur des raisonnements. Tenez-vous-en à ce que vous avez appris et que vous avez cru, et dites  : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Si un Manichéen, si Marcion, si les malades que Valentin a faits, si tout autre se présente, jetez-lui à la face cette parole ; si vous le voyez rire, versez des larmes sur sa démence. Vous connaissez ces personnages au teint jaune, au sourcil abaissé ; ils ont des paroles modestes ; fuyez l’amorce, sachez découvrir, sous la peau de la brebis, le loup qui s’y cache ; détestez-le surtout parce qu’en même temps qu’il semble affable et doux envers vous, envers son compagnon, serviteur comme lui, il est, contre notre commun Maître, notre Seigneur à tous, plus furieux que le chien possédé par la rage. C’est une guerre implacable que fait au ciel cet irréconciliable ennemi, et il élève comme une puissance contraire qu’il oppose à Dieu. Fuyez le venin de l’iniquité, détestez les poisons mortels ; l’héritage que vous avez reçu de vos pères, gardez-le, conservez la foi, l’enseignement de la divine Écriture, avec une prudence que rien ne puisse surprendre. Au commencement Dieu a créé le ciel et la terre. Qu’est-ce que cela veut dire ? D’abord le ciel, ensuite la terre ? D’abord le toit, ensuite le sol ? Dieu n’est pas subordonné à la nécessité de la nature ; les règles de l’art ne le tiennent pas asservi. Nature, art, toutes choses, la seule volonté de Dieu fait tout, dispose tout. La terre était invisible et sans forme. Pourquoi a-t-il donné au ciel, en le créant, la perfection ? tandis que, pour la terre, il l’a faite à plusieurs reprises, selon ce que raconte Moïse ? C’est, afin qu’ayant vu sa puissance, dans ce qu’il y a de meilleur, vous eussiez la certitude qu’il pouvait également donner à la terre la même perfection qu’au ciel ; c’est parce qu’il pensait à vous, à votre salut, qu’il a procédé pour la terre autrement que pour le ciel. Comment, me direz-vous, c’est parce qu’il pensait à moi, à mon salut ? La terre est notre table commune, notre patrie, notre nourrice, notre mère commune à tous, notre cité, notre tombe également commune, car nos corps viennent d’elle ; d’elle vient aussi l’aliment de nos corps ; c’est elle que nous habitons ; c’est en elle que nous demeurons ; c’est en elle, après la mort, que cous devons retourner. Il – ne fallait pas que, préoccupés de la nécessité satisfaite à chaque instant par elle, vous eussiez pour elle unes admiration exagérée ; il ne fallait pas que l’abondance de ces bienfaits fût pour vous une cause d’impiété et de chute, et il déclare que cette terre était d’abord informe, sans beauté, afin que la considération de ce qui lui manque élevât votre admiration vers Celui qui l’a faite, qui lui a donné toutes ses vertus, et vous portât à célébrer Celui qui a produit de si grandes choses pour notre usage. Or, maintenant, ce qu’il faut pour glorifier Dieu, ce n’est pas seulement la rectitude des opinions, mais l’excellence de la conduite. Que votre lumière, dit le