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quand les Juifs eurent fait quelques progrès, le Prophète leur parle ainsi des vertus d’en haut : Louez le Seigneur, dit-il, ô vous qui êtes dans les cieux ; louez-le dans les plus hauts lieux ; louez-le, vous tous qui êtes ses anges ; louez-le, vous tous qui composez ses armées ; car il a parlé et toutes choses ont été faites ; il a commandé, et elles ont été créées ! (Ps. 148,1, 2, 5) Et qu’y a-t-il d’étonnant que l’Ancien Testament nous montre cette, manière d’enseignement puisque nous voyons dans le Nouveau Testament, à l’heure où la doctrine s’élève à une hauteur sublime, Paul, s’adressant aux Athéniens, suivre la même route que Moïse, instruisant les Juifs ? Et en effet, il ne leur parle ni d’anges, ni d’archanges ; c’est du ciel, et de la terre, et de la mer qu’il entretient le peuple assemblé : Dieu qui a fait le monde et tout ce qui est dans le monde, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans les temples bâtis par les hommes. (Act. 17,24) Mais, lorsque Paul s’adressait aux Philippiens, il ne les conduisait pas par la même route ; il leur donnait l’enseignement plus élevé, dans ces paroles : Car tout a été créé par lui, dans le ciel et sur la terre, soit les trônes, soit les dominations, soit les principautés, soit les puissances ; tout a été créé par lui et pour lui. (Col. 1,16) C’est ainsi que Jean, qui avait des disciples plus avancés, a passé en revue toute la création. En effet, il ne dit pas : le ciel et la terre et la mer, mais : toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui (Jn. 1,3) ; aussi bien, dit-il, ce qui est visible, que ce qui est invisible. On sait ce qui se passe chez les maîtres d’écoles : l’un reçoit un jeune enfant des bras de sa mère, et lui apprend les premiers éléments ; un autre maître, ensuite, élève l’écolier à un plus haut enseignement ; c’est ce qui est arrivé à Moïse, à Paul, à Jean. Moïse nous a pris ignorants de tout, sevrés de la veille, et nous a enseigné les premiers éléments de la connaissance de Dieu ; Jean et Paul, qui ont reçu les hommes comme sortant de l’école de Moïse, les conduisent à des enseignements plus élevés, leur résumant toutefois les premières leçons en peu de mots. Avez-vous bien compris l’affinité des deux Testaments ? Avez-vous bien compris l’harmonie des enseignements ? Vous rappelez-vous, dans l’Ancien Testament les paroles de David sur la création des choses sensibles et des choses spirituelles : Car il a parlé et les choses ont été faites. (Ps. 32,9) C’est ainsi que dans le Nouveau Testament, après qu’il a été parlé des puissances invisibles, il est de plus fait mention des créatures sensibles. Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ; brève parole assurément, parole bien simple, il n’y a là qu’un seul mot, mais capable de renverser toutes les tours de nos adversaires ; faites attention.
Arrive un manichéen disant : La matière n’a pas été créée : répondez-lui : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ; et vous avez renversé toute son arrogance en un instant. Mais il ne croit pas, dit-il, à la parole de l’Écriture. Eh bien ! pour cette raison ; écartez-le comme on écarte un fou, détournez-vous de lui : car, celui qui ne croit pas à Dieu, se révélant en toute lumière, et qui accuse de mensonge la vérité, comment ne serait-ce pas un fou manifeste, dont l’incrédulité prouve la folie ? Mais comment, me dit-on, de rien quelque chose peut-il être fait ? Eh bien ! vous, répondez-moi. Comment, de ce qui existe, quelque chose pourrait-il être fait ? car, que la terre ait été faite de ce qui n’était pas, moi je le crois, tandis que vous en doutez ; mais que, de la terre l’homme ait été fait, c’est ce que nous reconnaissons également. Répondez-moi donc sur ce que nous reconnaissons vous et moi, répondez à la question la plus facile. Comment, avec de la terre, de la chair a-t-elle été faite ? Car, c’est de la terre que vient la boue, la brique, l’argile des vases, les coquilles ; mais de la chair sortant de la terre, c’est ce que nul ne saurait voir. Comment donc la chair a-t-elle été faite ? Comment les os ont-ils été formés ? Comment les nerfs ? comment les veines ? comment les artères ? comment les membranes, la graisse, la peau, les ongles, les cheveux ; et toute cette diversité de substances, provenant d’une seule et même substance, la terre ? Ici, vous n’avez rien à dire. N’est-il pas absurde, à qui ne sait rien de ce qui est plus clair et plus facile à comprendre, de se consumer en efforts superflus, pour expliquer ce qui est difficile, ce qui est inaccessible ?
3. Voulez-vous que je vous conduise à des sujets plus faciles, que je vous propose des problèmes de tous les jours, que pourtant vous ne pourrez pas m’expliquer ? Nous mangeons du pain, tous les jours ; comment, répondez-moi, le pain se change-t-il en sang, en pituite, en bile, en toutes les autres humeurs ; car le