Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/447

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans sa fleur. Puis, ayant rappelé leur conduite, il ajoute une malédiction et dit : Maudit soit leur courroux, parce qu’il est inexorable, et leur ressentiment parce qu’il a été implacable. (Id. 7) Il veut parler de la ruse qu’ils ont employée contre leurs ennemis, du stratagème dont ils se sont servis pour les attaquer.. Leur courroux, dit-il, est inexorable, impétueux, irréfléchi. Et leur ressentiment, parce qu’il a été implacable. En effet, c’est lorsque les Sichémites les croyaient le mieux disposés pour eux, que faisant éclater leur violente colère, ils ont fait de ce peuple leur proie et leur butin. Puis, quand il a fait le récit de leur péché, il prédit la vengeance qui doit les en punir. Je les diviserai en Jacob et les disperserai en Israël. Ils seront dispersés en tous lieux, veut-il dire, afin qu’il devienne clair pour tout le monde qu’ils sont ainsi punis de leur coupable entreprise. Juda, que tes frères te louent. (Id. 8) la bénédiction donnée à Juda est une bénédiction mystique qui nous révèle à l’avance tout ce qui doit être réalisé dans le Christ. Juda, que tes frères te louent ! En effet, c’est parce que le Christ devait naître de cette famille, selon les calculs de la Providence, que inspiré du Saint-Esprit, prophétise dès lors par ce qu’il dit touchant Juda, non seulement la descente du Seigneur parmi les hommes, mais encore le mystère, la croix, l’inhumation, la résurrection, enfin tout absolument. Juda, que tes frères te louent. Tes trains sont sur le dos de tes ennemis, et les fils de ton père t’adoreront. Il indique ainsi la soumission où ils sont destinés à vivre. C’est un lionceau que Judo. Tu es sorti dit germe, mon fils. (Id. 9) Il prédit sa royauté. Car c’est la coutume constante de l’Écriture que de désigner la puissance royale par la figure du lion. Retombé tu t’es endormi comme un lion. Qui le réveillera? Ici il a en vue la croix et le sépulcre. Qui le réveillera ? Nul n’oserait tirer un lion de son sommeil, de là ces, mots : Tu t’es endormi comme un lion. Qui le réveillera ? C’est lui-même, lui qui dit : J’ai le pouvoir de piller mon âme et le pouvoir de la reprendre. (Jn. 10,18) Puis il indique clairement l’époque où le Christ doit paraître suivant les rues de la Providence. Il ne manquera pas de rois issus de Juda, ni de chefs sortis de ses Panes, jusqu’à la venue de Celui à qui est réservé le dépôt. Et lui-même sera l’attente des nations.( 10) C’est-à-dire que le judaïsme et les princes des Juifs subsisteront jusqu’à sa venue. Et il dit très-bien jusqu’à la venue de Celui à qui est réservé le dépôt ; il parle de Celui à qui la royauté est préparée. Aussi est-il l’attente des rations. Voyez comment il parle déjà du salut futur des nations elles-mêmes. Lui-même sera l’attente des nations. Les nations attendent sa venue. Attachant à une vigne son poulain, et aux branches son ânon. (Id. 11) Par cet ânon, il désigne les nations qui seront converties. L’âne étant un animal immonde, il dit pour cette raison : Ces nations impures seront amenées avec la même facilité qu’un ânon qu’on attache aux branches d’une vigne ; il indique par là l’étendue de cet empiré, l’obéissance parfaite de ces nations. En effet, c’est la marque d’une grande douceur chez un âne que de se laisser attacher aux branches d’une vigne. Quant à la vigne, c’est une image à laquelle Jésus compare sa doctrine : Moi je suis la vraie vigne, dit-il, et mon Père est le vigneron. (Jn. 15,1) Les branches de la vigne représentent ce qu’il y a d’affectueux, de facile dans les articles de la législation ; il fait entrevoir par là que les nations seront plus dociles que les Juifs. Il lavera dans le vin sa robe, et dans le sang de la grappe son vêtement.
3. Voyez combien ici l’allusion au mystère est complète. Les initiés savent à quoi s’applique la parole : Il lavera sa robe dans le vin ; par ce mot, robe, il faut, si je ne me trompe, entendre le corps dont Jésus, dans son Incarnation, a daigné se revêtir. Puis, pour vous faire entendre ce que c’est qu’il appelle vin, il ajoute : et son vêtement dans le sang du raisin. Considérez comment, par ce mot sang, il nous fait songer au supplice, à la croix, et à toute la série des mystères. Ses yeux sont plus beaux que le vin, et ses dents plus blanches que le lait. Ici c’est la gloire qu’il veut représenter par cette métaphore du vin et des yeux. Et ses dents sont plus blanches que le lait ; c’est la justice et la majesté du juge. Par les dents et par le lait, il ne désigne rien autre chose que la pureté et l’éclat du jugement, qui rappellera les dents et le lait. Il ajoute : Zabulon habitera sur le rivage de la mer, et près du port des navires et il s’étendra jusqu’à Sidon. Voyez comme à celui-ci pareillement, il prédit où il aura son séjour, et qu’il dominera jusqu’à Sidon. Issachar a désiré le bien, et il se tient dans les bornes de sofa partage. Et voyant que le repos est bon,