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devant toi? Mais peut-être dira-t-on : Comment ce songe s’est-il accompli, puisque sa mère était morte auparavant, et qu’elle ne s’est pas prosternée devant son fils ? La coutume de l’Écriture est toujours de prendre le plus important pour faire entendre le tout. Car l’homme est la tête de la femme : ils seront tous deux, dit l’Écriture, une même chair. (1Cor. 11,3) Lorsque la tête s’est inclinée, il est évident que le corps tout entier a suivi ce mouvement. Si le père l’a fait, à plus forte raison celle-ci l’eût-elle fait, si et le n’avait pas été ravie à cette terre. Il s’inclina profondément, dit l’Écriture, devant le bâton de commandement que portait son fils. Aussi saint Paul disait-il : C’est par la foi que Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph et qu’il s’inclina profondément devant le bâton de commandement que portait son fils. (Héb. 11,21) Voyez-vous qu’il y était poussé par la foi ? Il prévoyait qu’il serait de race royale celui qui devait naître de sort sang. Après qu’il eut confié ses dernières volontés à son fils, Joseph apprit bientôt que son père était malade, qu’il était déjà aux portes de la mort, que sa dernière heure approchait. Il prit alors ses deux fils, et vint vers Jacob. A cette nouvelle, Israël reprit ses forces et s’assit sur sa couche. (48, 1-2) Voyez combien l’amour paternel raffermissait ce vieillard, combien l’allégresse de son âme triomphait de là faiblesse de ses membres. Ayant appris l’arrivée de son fils, il s’assit sur sa couche. Dès qu’il le voit, il lui témoigne toute l’affection qu’il a pour lui, et comme il était sur le point de mourir, il rend le courage à ses enfants en leur donnant sa bénédiction, leur laissant ainsi la plus grande des fortunes et une richesse qui ne pourrait jamais être épuisée. Voyez quelles sont ses premières paroles. D’abord il raconte la bienveillance fille Dieu a toujours eue pour lui, puis il donne sa bénédiction à ses fils, et leur dit : Mon Dieu m’est apparu à Luza, dans la terre de Chanaan, il m’a béni et m’a dit : Je te ferai croître et multiplier, je te ferai devenir une assemblée de peuples, et je te donnerai cette terre à toi, et ensuite à ta postérité qui la possédera éternellement. (Id. 3, 4) Dieu, dit-il, m’a promis, lorsqu’il m’est apparu à Luza, que ma race se multiplierait à un tel point que des nations sortiraient d’elle ; il m’a promis de me donner celle terre à moi et à ma postérité. Maintenant ces deux fils qui te sont nés en Égypte, sont aussi les miens : Ephraïm et Manassé seront à moi, comme Ruben et Siméon. (Id. 5) Ceux, dit-il, que tu as eus avant mon arrivée, je les compte au nombre de mes enfants ; et ils recevront également ma bénédiction comme ceux qui sont nés de moi. Quant à ceux que tu engendreras dans la suite, ils seront à toi, et ils porteront le nom de leurs frères dans leur héritage. Or, sache que Rachel, ta mère, est morte lorsque j’approchais de Bethléem, et que je l’ai enterrée sur la route de l’hippodrome. En voyant les fils de Joseph, il lui dit : Qui sont ceux-ci ? Ce sont, répondit-il, les enfants que Dieu m’a donnés. Jacob lui dit : Amène-les auprès de moi, afin que je les bénisse. Il les fit approcher de son père. Et il les baisa, et les embrassa. (Id. 6-10) Voyez comme ce vieillard se hâte et s’empresse de bénir les fils de Joseph : Il les fit approcher de son père. Et il les baisa et les embrassa, et dit à Joseph : Ainsi je n’ai pas été privé de ta vue, et Dieu m’a montré aussi ta postérité. (11) Dieu, dit-il, dans sa bonté m’a accordé dé grandes faveurs, de plus grandes encore que je n’en espérais, et même que je n’en aurais jamais espéré. Car non seulement je n’ai pas été privé de ta vue, mais même j’ai pu contempler ceux qui sont nés de toi. Joseph les fit retirer d’entre les genoux de son père, et ils se prosternèrent le visage en terre. (Id. 12) Voyez comment, dès l’abord, il enseigne à ses enfants à rendre à ce vieillard les honneurs qui lui étaient dus. Ensuite Joseph les fit approcher suivant l’ordre de la naissance, Manassé le premier, puis Ephraïm.
3. Considérez ce juste qui a les yeux du corps maintenant affaiblis par l’âge ( car ses yeux étaient si appesantis à cause de sa vieillesse, qu’il ne pouvait voir), mais chez qui les yeux de l’esprit ont acquis une nouvelle force, et qui prévoit déjà l’avenir par les yeux de la foi. Car il n’observa pas l’ordre dans lequel Joseph lui avait présenté ses fils, mais il changea de mains en les bénissant, et donna la prééminence air plus jeune, en préférant Ephraim à Manassé. Puis il dit : Dieu à qui mes pères ont plu. (Id. 15) Voyez l’humilité de ce patriarche, voyez quel amour il a pour son Dieu. Il n’a pas osé dire : Dieu, à qui j’ai plu. Que dit-il ? Dieu à qui mes pères ont plu. Avez-vous compris combien son cœur est plein de reconnaissance ? Et cependant, peu d’instants auparavant, en racontant sa vision, il avait dit :