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Puisque Dieu t’a découvert toutes ces choses, il n’y a pas d’homme plus sage que toi. (Id. 39)
Remarquez ici comment, dès que Dieu qui peut tout vent mettre à exécution ses desseins ; rien de ce qui arrive à la traverse ne peut être un empêchement. – Voyez plutôt : Joseph est assassiné, ou peu s’en faut, par ses frères, il est vendu, en butté à une accusation qui le jette dans un péril extrême, il reste longtemps en prison : et l’issue de tout cela, c’est qu’il monte, à peu de chose près, sur le trône royal : Puisque Dieu t’a découvert toutes ces choses il n’y a pas d’homme plus sage que toi, ni plus intelligent. En conséquence, tu gouverneras ma maison, et le peuple obéira à ta parole, mon trône seul m’élevera au-dessus de toi. Ainsi, voilà qu’un prisonnier devient subitement roi de toute l’Égypte, voilà que celui qui avait été jeté en prison par le chef de la maison royale est élevé par le roi lui-même à la plus haute dignité : et celui qui avait été son maître put voir tout à coup l’homme qu’il avait jeté dans un cachot, comme séducteur de sa femme, investi du gouvernement de l’Égypte entière. Voyez-vous combien il est important de supporter les tentations avec courage. Aussi Paul disait-il : L’affliction engendre la résignation, la résignation l’épreuve, l’épreuve l’espérance, et l’espérance ne confond point. (Rom 5, 3, 5) Or Joseph avait supporté les afflictions avec patience ; la patience l’avait éprouvé ; une fois éprouvé, il avait vécu dans l’espérance : son espérance ne le confondit point. Et Pharaon lui dit : Voici que je l’établis aujourd’hui sur toute la terre d’Égypte. (Id. 41) Puis ôtant l’anneau qu’il avait à la main, il le mit à la main de Joseph, le revêtit d’une robe de lin, lui entoura le cou d’un collier d’or (Id. 42), le fit monter sur un char qui marchait de suite après le sien, et un héraut le précédait proclamant son élévation : et il l’établit sur toute l’Égypte. (Id. 43) Car Dieu qui était avec Joseph avait aplani tous les obstacles devant lui, afin de l’élever à ce degré de gloire. Et Pharaon lui dit : Que sans ta permission nul ne lève la main dans toute la terre d’Égypte. (Id. 44) Et Pharaon donna à Joseph le nom de Psomthomphanech. (Id. 45) Il voulait perpétuer par ce nom le souvenir de la sagesse qui était en Joseph. Car ce mot signifie qui connaît les choses cachées. Joseph ayant révélé ce qui était ignoré de tout le monde, Pharaon lui donna ce nom par allusion à sa perspicacité. Et enchérissant encore sur tant d’honneur, il lui donna en mariage la fille de Putiphar. Le texte ajoute prêtre d’Hiéropolis, parce que ce personnage portait le même nom que l’ancien maître de Joseph, puis pour nous faire savoir à quel âge cet homme admirable fut récompensé de la sorte, et se signala par tant d’actions célèbres, il ajoute encore : Joseph avait trente ans (Id. 46), lorsqu’il parut devant Pharaon. N’allons pais croire que ce chiffre soit mis là sans intention : il est destiné à nous faire comprendre que personne n’est excusable de négliger la vertu, et que nul n’a droit d’alléguer sa jeunesse, dès qu’il s’agit de faire le bien. Joseph, en effet, n’était pas seulement jeune, il était beau, charmant de visage : ces avantages ne sont pas nécessairement réunis. Mais Joseph était beau et charmant, outre qu’il était jeune : et c’est, pour ainsi dire, à la fleur de l’âge, qu’il tomba dans la servitude et dans la captivité. Car il est écrit qu’il avait dix-sept ans lorsqu’il fut emmené en Égypte. Il était donc dans toute la brûlante ardeur de la jeunesse, lorsqu’il fut en butte aux – attaques de cette impudique égyptienne dont il était le serviteur, et néanmoins le courage du juste y résista puis vint la captivité et les longues souffrances qui l’accompagnèrent : Joseph resta pareil au bronze : que dis-je ? loin de faiblir il se fortifia : car la grâce d’en haut soutenait son courage. Et quand il eut préalablement déployé toutes les vertus qui étaient en lui, c’est alors qu’il fut tiré de sa prison et appelé au gouvernement de l’Égypte entière.
5. Instruits par cet exemple, ne nous laissons jamais décourager dans les afflictions, ne nous abandonnons point à nos propres pensées, quand elles nous conseillent l’impatience : montrons une résignation parfaite, et nourrissons-nous d’espérance, connaissant la toute-puissance de notre Maître, et bien persuadés que s’il nous laisse éprouver par l’infortune, ce n’est point par indifférence à notre égard, mais parce qu’il veut que nous méritions par notre courage une éclatante couronne. C’est par là que tous les saints sont parvenus à la gloire. Aussi les apôtres disaient-ils : C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. (Act. 14,21) Et le Christ lui-même disait à ses disciples : Dans le monde, vous aurez des tribulations. (Jn. 16,33) Gardons-nous