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SIXIÈME HOMÉLIE.


Et Dieu dit : « Que des corps de lumière soient faits dans le firmament du ciel, et qu’ils éclairent la terre, afin qu’ils séparent le jour et la nuit et qu’ils servent de signes pour marquer les temps et les saisons, les jours et les années. » (Gen. 1,14)

ANALYSE.

  • 1. L’orateur se plaint amèrement de l’empressement qui, la veille, avait entraîné tous les auditeurs au cirque pour voir des courses de chevaux. – Il rougit pour eux de celte funeste curiosité qui leur fait perdre tout le fruit du jeûne et des instructions qu’ ils entendent. – Encore, s’ils péchaient par ignorance, mais ils connaissent leurs devoirs, et ils n’en sont que plus coupables. – Le démon seul se réjouit de ce fatal entraînement, puisque par là il les a dépouillés des richesses spirituelles qu’ils avaient amassées. – 2. Mais ces spectacles ne sont-ils pas sans danger pour les mœurs ? L’orateur répond à cette objection par le tableau vif et animé de tous les périls que l’innocence et la pureté de l’âme y rencontrent ; et comme il voit que ses reproches sont vivement sentis, il espère que désormais il n’aura plus sujet de les faire entendre. – 3 et 4. Il aborde alors l’explication du quatorzième verset de la Genèse, et, après une brillante description du soleil, il observe que cet astre fut créé le quatrième jour, afin qu’on ne lui attribuât point la fécondité de la terre, et qu’on ne le considérât point comme la source première de la lumière. – 5. Il signale ensuite, d’après le texte sacré, les divers usages du soleil et de la lune. – 6. Il termine en exhortant ses auditeurs à reconnaître les bienfaits de Dieu par une vie sainte et régulière, et surtout par la fuite des spectacles profanes.


1. Je voudrais poursuivre le cours de nos instructions, et je ne sais quel sentiment de répugnance m’en empêche, car un nuage de tristesse offusque ma vue, et trouble mon esprit. Encore si cette tristesse n’allait pas jusqu’à la colère ! Mais, véritablement, je ne sais que faire, tant mes pensées sont incertaines. Et en effet, quand je vois que le moindre souffle de Satan vous a fait oublier les maximes de piété et les sages avis que je vous donne chaque jour, pour courir aux courses diaboliques de l’hippodrome, puis-je avec joie continuer des instructions que vous avez si promptement rendues inutiles ? Mais ce qui surtout m’irrite, et m’émeut jusqu’à la colère, c’est que méprisant mes exhortations, et oubliant le respect dû à la sainte quarantaine, vous vous êtes laissé prendre aux pièges du démon. Qui pourrait donc, serait-il plus dur qu’un rocher, supporter sans indignation une telle conduite ? Aussi je rougis de honte et de douleur, en voyant que je m’épuise inutilement, et que je ne sème qu’en une terre pierreuse. Au reste, que vous écoutiez ma parole, ou que vous la méprisiez, je n’en suis pas moins assuré de ma récompense, car j’aurai fidèlement rempli mon devoir, je vous aurai fait connaître les richesses de la piété, et je ne vous aurai pas épargné les remontrances. Mais je crains bien, et je tremble que tout mon zèle ne vous accuse plus fortement. Car le serviteur, dit l’Évangile, qui connaît la volonté de son maître et qui ne l’exécute pas, sera frappé de plusieurs coups. (Lc. 12,47) Et qui d’entre vous pourrait alléguer son ignorance, puisque chaque jour je vous mets sous les yeux et les pièges du démon et la grande facilité de la vertu, si vous voulez être attentifs et vigilants ?
Ignorez-vous donc que l’Écriture compare à des chiens ces chrétiens qui négligent ainsi leur salut, qui viennent aujourd’hui dans nos temples, et demain se laissent prendre aux pièges du démon ? L’homme, dit le Sage, qui se relève de son péché, et qui le commet de nouveau, est semblable au chien qui retourne à son vomissement. (Prov. 26,11) Voyez-vous à quels animaux ressemblent ceux d’entre vous qui ont assisté à ces spectacles illicites ? et avez-vous oublié cette sentence du Sauveur : Tout homme qui entend mes paroles, et ne les