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pas la grandeur de ton égarement, mais tu accuses le juste d’un larcin. Car pourquoi eût-il été capable de dérober ce qu’il abhorrait, et surtout ce qu’il savait être des pierres insensibles ?
Jacob lui répond avec une grande douceur, et se justifie d’abord des accusations qu’il vient d’entendre ; il l’engage à chercher ses dieux. Je vous ai dit de ne point m’enlever vos filles et tout ce que je possède (31, 31) ; parce que je vous voyais mal disposé pour moi, j’ai tremblé que vous n’entreprissiez de m’enlever vos filles et ce qui m’appartient, de me priver de mon bien, comme vous l’avez déjà fait. Voilà le motif et la crainte qui m’ont conduit à exécuter secrètement ce voyage : Au reste celui que vous trouverez possesseur de vos dieux, ne vivra pas devant nos frères. (31, 32) vous le voyez, ignorait le larcin commis par Rachel, voyez, en effet, de duel rigoureux châtiment il menace celui qui sera convaincu d’avoir, commis le vol : Celui que vous trouverez possesseur de vos dieux, ne vivra pas devant nos frères. Non pas seulement parce qu’il les a dérobés, mais parce que ce fait est la preuve évidente de son propre égarement. Examinez s’il y a avec moi quelque chose qui soit à vous et reprenez-le. (Id) Cherchez, lui dit-il, si j’ai emporté quelque chose qui ne m’appartienne pas. Vous ne pouvez une reprocher autre chose que d’être parti secrètement ; et cela même je ne l’ai pas fait volontiers, mais parce que je soupçonnais une injustice et craignais que vous ne voulussiez m’enlever vos filles et toute ma richesse. Et il ne reconnut rien. Jacob ignorait que Rachel sa femme avait dérobé ses dieux. Et Laban, étant entré dans la tente de Lia, chercha sans rien trouver. Il entra aussi dans celle de Rachel. Mais Rachel prenant les idoles, les avait placées sous le harnais des chameaux, et, s’étant assise dessus, elle dit à son père : Ne vous offensez pas, mon père, je ne puis me lever devant vous : je suis femme et incommodée comme les femmes. Laban chercha dans toute sa tente et ne trouva rien. (32-35)
6. Elle fut grande la prudence par laquelle Rachel sut faire illusion à Laban. Qu’ils écoulent ceux qui se sont enracinés dans l’erreur et font tant d’estime du culte des idoles. Elle les plaça, dit le texte, sous le harnais des chameaux et s’assit dessus. Quoi de plus plaisant ? Ceux qui, honorés du don de la raison et jugés dignes d’une telle prééminence par la bonté divine, se résolvent à adorer des dieux insensibles, ne les dissimulent point et ne se préoccupent point d’une telle extravagance, mais se laissent, comme des troupeaux, conduire par leur habitude. C’est pourquoi Paul disait, dans ses épîtres : Vous savez comment, lorsque vous étiez gentils, vous vous laissiez conduire vers des idoles muettes. (1Cor. 12,2) Il a bien dit muettes. Vous qui possédez la parole, qui savez entendre et converser, vous êtes conduits comme des brutes vers des êtres insensibles. Quelle indulgence peuvent obtenir de tels hommes ! Mais voyons comment s’exprime ce juste, désormais affermi dans sa confiance par les aveux de Laban, qui d’ailleurs n’a trouvé contre lui aucun motif raisonnable de blâme
Jacob s’irrita et disputa contre Laban, il lui dit : – Voyez comment il fait voir dans ce différend la vertu de son âme  : En quoi ai-je été injuste et coupable que vous m’ayez poursuivi ? » (31, 36) Pourquoi, lui dit-il, m’avez-vous ainsi poursuivi avec ardeur ? de quelle injustice, de quelle faute pouvez-vous m’accuser ? Et non seulement cela, mais vous m’avez fait l’injure de tout scruter dans ma demeure. Qu’avez-vous trouvé que j’aie apporté de chez vous ? Exposez cela devant vos frères et mes frères et qu’ils jugent entre nous deux. (31, 37) Après toutes ces recherches avez-vous pu trouver quelque chose qui ne m’appartint pas et en quoi je vous aie fait tort ! Si vous l’avez trouvé produisez-le, afin que ceux qui m’accompagnent et ceux qui vous accompagnent décident le différend. Voyant qu’il était ; ans reproche aux yeux de tous, il parle désormais avec hardiesse, et comptant la durée de l’affection qu’il lui a toujours montrée, il lui dit Et voilà vingt ans que je suis avec vous. Après tant d’années de travail, méritais-je donc cet outrage ? « Et voilà le prix de ces vingt ans ! » Aujourd’hui je compte vingt ans de service dans votre demeure. Vos brebis et vos chèvres n’ont pas été stériles ; je n’ai point mangé vos béliers ; je n’en ai point laissé enlever par les bêtes féroces. Je vous ai dédommagé des larcins de jour et des larcins de nuit. J’endurais les ardeurs du jour et le froid glacial de la nuit, et le sommeil s’éloignait de rues yeux. (31, 38-40) Avez-vous donc oublié, lui dit-il, les travaux que j’ai endurés eu faisant paître vos brebis et vos chèvres ! Vous ne pouvez me reprocher qu’elles aient été