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étonniez pas qu’une vierge ait enfanté. Je me trompe, étonnez-vous : Soyez frappés d’admiration, mais ne refusez pas votre croyance au miracle. Donc, si un juif vous dit : Comment a-t-elle pu enfanter, celle qui était vierge ? répondez-lui : Comment a-t-elle pu enfanter, celle qui était stérile et avancée en âge ? Il y avait deux empêchements alors, et l’âge qui ne s’y prêtait pas, et le défaut de la nature. La vierge au contraire ne nous montre qu’un empêchement, à savoir qu’elle ne connaissait pas l’œuvre du mariage. Donc, la femme stérile prépare la voie à la vierge. Et ce qui vous prouve que l’antique stérilité avait pour but d’assurer la foi à l’enfantement virginal, écoutez les paroles de Gabriel à la Vierge. En effet, il se présente et lui dit : Vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de Jésus. (Lc. 1,31) Elle s’étonne, elle admire, elle lui répond : Comment cela se fera-t-il, car je ne connais point d’homme? (Id. 34) Que lui dit l’ange alors ? Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. (Id. 35) Ne vous préoccupez pas, lui dit-il, des règles ordinaires de la nature, puisque ce qui arrive est supérieur à la nature. Ne pensez pas aux enfantements ordinaires, puisque la naissance qui s’apprête est supérieure à la génération par la voie du mariage. Et comment cela se fera-t-il, dit-elle, car je ne connais point d’homme? Cela se fera précisément parce que vous ne connaissez point d’homme ; car, si vous connaissiez un homme, vous n’auriez pas été jugée digne de servir à ce ministère. C’est pourquoi la raison qui vous fait douter, est précisément la raison de croire. Ce n’est pas que le mariage soit un mal, mais c’est que la virginité vaut mieux. Notre-Seigneur devait choisir, pour son avènement dans le monde, une entrée plus auguste que la nôtre ; il y fait une royale entrée. Il fallait que sa naissance ressemblât à la nôtre, et différât de la nôtre ; et ce double caractère s’est rencontré. Comment cela ? écoutez. Sortir des flancs maternels, voilà en quoi sa naissance ressemble à la nôtre ; et maintenant, naître sans que la naissance soit un effet du mariage, voilà ce qui est supérieur à la naissance humaine. La grossesse, voilà un fait naturel ; la grossesse sans l’œuvre du mariage, voilà ce qui est supérieur à la nature humaine. Et ces deux circonstances ont pour but de vous apprendre, et ce que cette naissance présente de distinction sublime, et ce qu’elle nous montre qui ressemble à notre nature. Et maintenant, considérez encore toute la sagesse qui a opéré ces merveilles ; ni l’excellence n’a empêché la ressemblance, la parenté avec nous ; ni cette parenté avec nous, cette ressemblance, n’a contrarié en rien l’excellence et l’infinie supériorité. Les œuvres qui se sont accomplies, ont réuni ces deux caractères : d’une part, ressemblance parfaite avec nous ; d’autre part, complète différence. Mais maintenant, que disais-je ? S’il y a eu des femmes stériles, c’était pour assurer la foi à l’enfantement virginal ; c’était pour que la vierge elle-même fût amenée à croire à la promesse. Écoutez, en effet, ce que lui dit l’ange de Dieu : Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. Voilà comment, dit-il, vous pourrez enfanter. Tout s’accomplira par le Saint-Esprit. Ne tenez donc pas vos regards abaissés sur la terre ; c’est du ciel que vient la vertu qui opère ; c’est la grâce de l’Esprit qui produit ce qui arrive. Ne vous préoccupez donc pas de la nature ordinaire ; ne considérez plus les simples lois du mariage. Mais, comme ces paroles dépassent sa portée, il y ajoute encore une autre démonstration.
3. Quant à vous maintenant, mon bien-aimé, voyez comment la femme stérile conduit, pour ainsi dire, comme parla main, la Vierge à la foi en son enfantement. Comme la première démonstration était trop forte pour l’esprit de la Vierge, voyez l’ange accommodant son discours à la portée de son intelligence, la conduisant, comme par la main, à l’aide de choses sensibles. Et sachez, dit-il, qu’Élisabeth, votre cousine, a conçu aussi, elle-même, un fils dans sa vieillesse, et que c’est maintenant le sixième mois, pour celle qui est appelée stérile. (Lc. 1,36) Voyez-vous qu’il n’est ici question de la femme stérile qu’à cause de la Vierge ? Car autrement, pourquoi lui aurait-il parlé de l’enfantement de sa cousine ? Pourquoi, de même, lui aurait-il dit ces mots, qui est appelée stérile? Il est évident que toutes ces paroles avaient pour but de l’amener à croire à l’annonciation. Voilà pourquoi il lui dit le temps qu’a déjà duré la grossesse, pourquoi il lui parle de la stérilité ; pourquoi il a attendu jusqu’à ce moment pour lui annoncer la conception. Car, il ne la lui a pas révélée tout de suite, dès le principe ; il a attendu six mois, afin que