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QUARANTE-CINQUIÈME HOMÉLIE.


« Abraham étant parti de là pour aller du côté du midi, habita Cadés et Sur, et il alla à Gérara, pour y demeurer quelque temps. » (Gen. 20,1)

ANALYSE.

  • 1. La bienveillance des auditeurs est nécessaire à l’orateur. Genre de vie simple et modeste du patriarche Abraham. – 2. La mort n’est rien autre chose qu’un sommeil. – 3. Que la concorde entre époux est un grand bien. – 4-5. Honorer les serviteurs de Dieu, c’est honorer Dieu. Tout est possible à Dieu. – 6. Exhortation.


1. Je me réjouis quand je vous vois accourir, pour entendre la parole et recevoir avec plaisir l’enseignement que nous vous donnons.. Et voilà pourquoi, avec une ardeur qui redouble chaque jour, je vous sers mon pauvre et chétif repas. L’excès de votre faim vous empêche d’apercevoir combien le service est maigre, et ce qui est peu de chose, vous semble considérable. C’est ce qui arrive pour les repas du corps. Un homme reçoit des convives qui n’ont pas d’appétit ; c’est en vain que le service est magnifique et somptueux ; les convives dégoûtés n’apprécient pas la richesse du banquet, souvent des mets recherchés leur paraissent méprisables ; c’est que les convives n’ont pas d’appétit. Au contraire, supposez des pauvres, des affamés, invités à une table, si mince qu’elle soit, elle leur paraît splendide, parce qu’ils mangent avec plaisir, avec avidité. Nous aussi, comme nous sommes assurés de votre, appétit spirituel, nous ne craignons pas, mes frères, de vous servir chaque jour ce maigre repas dont les mets ont peu de valeur. Ce qui faisait dire à un sage : Il vaut mieux être invité avec affection à manger des herbes, qu’à manger le veau gras, lorsqu’on est haï (Prov. 15,17) ; paroles qui nous enseignent que les yeux de la charité transforment les mets qu’on lui sert, qu’elle trouve vil ce qui est somptueux, et petit, ce qui semble grand.
Quelle félicité plus douce pourrions-nous souhaiter, nous qui, devant de tels flots d’auditeurs, prononçons des paroles accueillies avec tant de zèle et d’affection ! Rien n’est si nécessaire à celui qui parle, que la bienveillance de celui qui écoute. A l’aspect d’un auditoire passionné, avide d’entendre, l’orateur prend courage, il se sent pour ainsi dire pénétré d’une force nouvelle, parce qu’il sait que plus sa table est riche des dons de l’Esprit, plus ses ressources propres s’accroîtront. Il n’en est pas des festins du monde comme des banquets spirituels. Chez les hommes ; la magnificence de la table entraîne les dépenses ; le festin diminue la fortune de celui qui le donne. Ici, au contraire, il en est tout différemment ; plus il y a de convives, plus notre richesse s’accroît ; et, en effet, nous ne vous disons pas ce qui vient de nous, mais ce que nous inspirent pour votre utilité la grâce et la bonté de Dieu. Eh bien ! donc, puisque vous venez avec tant d’empressement et de joie pour entendre la parole, examinons attentivement les passages qui viennent d’être lus et recueillons le fruit qu’ils contiennent. Car, selon cette grande exhortation que le Christ nous adresse, lisez avec soin les Écritures (Jn. 5,39) un grand trésor est caché dans les Écritures ; il y est dans les profondeurs ; aussi, est-il convenable de l’y chercher avec beaucoup