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QUARANTE-QUATRIÈME HOMÉLIE.


Or, Abraham s’étant donc levé le matin vint au lieu où il avait été auparavant avec le Seigneur. (Gen. 19,27-38)

ANALYSE.

  • 1-3. De l’invocation et de l’intercession des saints. – 4. Les prières que d’autres font pour nous sont moins efficaces que celles que nous faisons nous-mêmes. – 5. Loth ni ses filles ne sont point à condamner. – 6. Exhortation morale. Comparaison de l’épreuve de Joseph tenté par l’Égyptienne avec la fournaise de Babylone.


1. Hier, l’histoire de la Samaritaine nous a fait voir assez l’ineffable patience du Seigneur, l’excès de sa sollicitude pour elle, la reconnaissance de cette femme ; vous l’avez vue, elle venait puiser l’eau qui tombe sous nos sens, et c’est à la source spirituelle, c’est à la divine fontaine qu’elle a puisée, et elle s’en est retournée chez elle, accomplissant la parole du Seigneur : L’eau que je lui donnerai, deviendra en son âme une fontaine d’eau qui rejaillira jusque dans la vie éternelle. (Jn. 4,14) Elle s’est remplie de cette eau divine et spirituelle. Elle n’a pu en retenir les courants, qui ont débordé, pour ainsi dire, sur la ville, et elle a inondé les habitants de la grâce qui lui était accordée ; elle est devenue tout à coup le héraut du Seigneur, cette samaritaine, cette étrangère. Quel trésor, voyez-vous, que la reconnaissance ! Vous voyez comment la bonté de Dieu ne dédaigne personne ; comment, au contraire, si, même dans une femme, même dans un être absolument pauvre, en qui que, ce soit, si le Seigneur trouve la vigilance et la ferveur, aussitôt il communique les largesses de sa grâce. Imitons donc, je vous en conjure, imitons, nous aussi, cette femme, 'et recevons avec une grande attention les enseignements de l’Esprit ; car les paroles que nous prononçons ne sont pas nos paroles. Ce n’est pas, à vrai dire, notre langue qui parle quand nous parlons ; mais, conduits par la bonté du Seigneur, nous vous disons ce, qu’il nous inspire, pour notre salut et l’édification de l’Église de Dieu. Ne fixez donc pas les yeux sur moi, mes bien-aimés ; ne considérez pas mon infirmité ; mais, parce que je vous apporte ce que le Seigneur me donne, tenez vos pensées fixées sur celui qui m’envoie. Soyez attentifs ; soyez vigilants ; écoutez. Voyez ce qui se passe sur la terre ; lorsque celui dont le front est ceint du diadème, l’empereur envoie un message, celui qui l’apporte n’a par lui-même aucune valeur ; c’est un homme du commun, qui souvent ne pourrait dire quelle est sa famille ; un homme obscur et de parents obscurs ; mais ceux à qui est destiné l’écrit impérial, ne s’arrêtent pas à considérer ce qu’est cet homme ; attendu qu’il apporte un écrit de l’empereur, on lui fait un grand honneur, à lui aussi, et, quant au message, on l’écoute avec un respect plein de crainte ; on l’écoute en silence. Eh bien ! si cet homme qui n’apporte que l’écrit d’un autre homme, qui n’apporte qu’un papier, est reçu avec honneur par tous, à plus forte raison devez-vous accueillir, avec l’extrême attention que le respect commande, ce que l’Esprit vous envoie, par notre entremise, afin que vous recueilliez une grande récompense de votre sagesse. Car, si le Seigneur de toutes les créatures voit une généreuse, ardeur échauffer vos âmes, il nous fera à nous-