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pendant qu’il était revêtu de son corps. (2Cor. 5,10) Et ailleurs, en parlant de Dieu : Il rendra à chacun selon ses œuvres. (Rom. 2,6) Parfaitement instruits de ees vérités, secouons toute négligence ; attachons-nous, de toutes nos forces, à la vertu : profitons de ce que nous sommes encore dans le stade, de ce que c’est le temps de la lutte, et, avant que les spectateurs se séparent, inquiétons-nous de notre salut, afin qu’après avoir, dans la vie si courte qui nous est donnée, pratiqué la vertu, nous en recevions la récompense, dans la vie qui n’aura pas de fin. Semblables à ce juste qui, au milieu de tant de méchants, et ne trouvant personne pour imiter sa vertu, et ne voyant autour de lui que les moqueries de la perversité railleuse, non seulement ne s’est pas arrêté, n’est pas devenu moins actif, mais a brillé d’un tel éclat de vertu, qu’il a mérité de recevoir, chez lui, les anges du Seigneur. Et, quand ces anges faisaient périr tous les habitants, lui seul, avec ses filles, a évité le châtiment qui leur était infligé, Revenons d’ailleurs à la suite de notre entretien : Les deux anges vinrent â Sodome le soir. Le moment de la journée montre surtout la parfaite vertu de ce juste, puisque, le soir arrivant, il resta devant sa maison et ne rentra pas. Car, comme il connaissait le profit de l’hospitalité, jaloux d’acquérir les richesses qu’elle donne, il y mettait beaucoup de soin ; et le jour terminé, il continuait encore. Voilà la marque d’une âme où règne la ferveur d’un zèle actif ; aucun obstacle ne l’empêche de manifester sa vertu ; bien plus ; les plus grands obstacles ne font que l’exciter davantage, et l’embraser d’un plus vif désir.
Quand Loth, dit le texte, les aperçut, il se leva pour aller au-devant d’eux. Écoutez ces paroles, vous qui, à l’aspect des étrangers, qui vous prient et vous supplient, et vont jusqu’à s’abaisser devant vous, leur montrez durement votre aversion et les repoussez. Voyez comment ce juste n’attend pas qu’ils viennent jusqu’à lui ; il fait comme le patriarche : ignorant quels étaient ces hôtes, les prenant pour de simples voyageurs, il semblait sauter de joie, parce qu’il avait obtenu la proie qu’il cherchait, et son désir ne le trompait pas. Loth les ayant vus, se leva, alla au-devant d’eux, et s’abaissa jusqu’en terre. (Gen. 19,1) Il rendit grâces à Dieu, qui l’avait jugé digne de recevoir ces voyageurs. Remarquez la vertu de ce juste ; il regardait comme un grand bienfait de Dieu, d’avoir rencontré ces hommes, afin de satisfaire, en les recevant, son désir d’exercer l’hospitalité. Ne vous hâtez pas de dire, que c’étaient des anges ; considérez plutôt que ce juste l’ignorait encore ; il les reçoit comme des inconnus, comme de simples voyageurs ; son âme était ainsi faite. Puis il leur dit : Venez, seigneurs, je vous prie, dans la maison de votre serviteur, et demeurez-y, et lavez vos pieds, et demain vous continuerez votre route. Ces paroles suffisent pour révéler la vertu cachée dans l’âme de ce juste. Comment s’étonner qu’on admire cette humilité parfaite, le zèle brûlant qu’il montre en exerçant l’hospitalité ? Venez, dit-il, seigneurs, dans la maison de votre serviteur, et il les appelle seigneurs, et il s’appelle lui-même leur serviteur. Écoutons avec attention ces paroles, mes bien-aimés, et nous aussi, apprenons à faire comme lui. Un homme qui avait le droit d’être fier, un homme d’un grand nom, si riche, le père d’une si belle famille, aperçoit des voyageurs, des étrangers, des inconnus, en apparence assez misérables ; ils passent, ils ne lui sont rien, il les appelle seigneurs, et il dit : Venez dans la maison de votre serviteur et reposez-vous. C’est le soir, dit-il, accordez-moi cette grâce, reposez-vous de la fatigue du jour en venant dans la maison de votre serviteur. Est-ce que je vous fais une magnifique promesse ? Vous laverez vos pieds, fatigués d’une longue marche, et demain vous continuerez votre route. Accordez-moi cette grâce, et ne refusez pas ma prière. Et ils lui répondirent, dit le texte, nous n’irons point chez vous, mais nous demeurerons sur la place. Même après leur refus, en réponse à une exhortation si pressante, il ne s’engourdit pas ; il ne renonce pas à son dessein ; il ne, fait pas ce que nous faisons quelquefois, quand il nous arrive d’adresser une exhortation à quelqu’un, si nous le voyons résister, si peu que ce soit, refuser, aussitôt nous nous arrêtons, ce qui provient de ce que nous n’avons ni affection, ni vrai zèle, et surtout, de ce que nous regardons comme une excuse suffisante, de pouvoir dire, j’ai fait ce que j’avais à faire.
3. Que dis-tu, que tu as fait ce que tu avais à faire ? Tu chasses, et tu laisses la proie s’échapper. Tu t’en vas loin du trésor, et tu as fait ce que tu avais à faire ? Tu aurais fait ton devoir, si tu n’avais pas jeté le trésor que tu avais dans les mains ; si, en chassant, tu n’avais