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se contredise jamais. Tout au contraire reconnaissez sa véracité, attachez-vous à sa doctrine, et fermez l’oreille aux cris de l’erreur.
4. Écoutez donc avec beaucoup d’attention ce que je vais vous dire, et ne vous laissez point facilement ébranler par ceux qui vous débitent toutes leurs rêveries. Tous les livres sacrés de l’Ancien Testament ont été originairement composés en hébreu, personne ne le contredit. Or, quelques années avant la naissance de Jésus-Christ, le roi Ptolémée, curieux de réunir une riche bibliothèque, voulut joindre nos Livres saints à tous ceux de divers genres qu’il avait déjà rassemblés. C’est pourquoi il fit venir de Jérusalem quelques juifs pour les traduire en grec, ce qu’ils exécutèrent heureusement. Et voilà comment il arriva, par une disposition particulière de la Providence, que non seulement ceux qui entendaient l’hébreu, mais généralement tous les peuples, purent profiter de nos saints Livres. N’est-il pas aussi bien surprenant que ce dessein ait été conçu par un prince idolâtre, et qui, loin de suivre la religion des Juifs, observait un culte tout opposé ? Mais c’est ainsi que le Seigneur dispose toutes choses, afin que les ennemis de la vérité soient les premiers à la faire éclater.
Au reste cette digression historique était nécessaire, pour vous rappeler que l’Ancien Testament n’a pas été écrit en grec, mais en hébreu. Or les hébraïsants les plus distingués nous apprennent que dans cette langue on emploie toujours le mot ciel au pluriel. Les docteurs syriens en conviennent eux-mêmes ; et ainsi un hébraïsant ne dira jamais le ciel, mais les cieux. Le psalmiste a donc eu raison de dire les cieux des cieux. Et ce n’est point qu’il y ait plusieurs cieux, car. Moïse ne vous le dit pas ; mais c’est le génie de la langue hébraïque qui emploie le singulier pour le pluriel.
S’il y avait en effet plusieurs cieux, l’Esprit-Saint nous en aurait appris par Moïse l’existence et la formation. Retenez avec soin cette observation, afin que vous puissiez fermer la bouche à tous ceux qui avancent des dogmes contraires à l’enseignement de l’Église, et que vous demeuriez convaincus de la véracité de nos saintes Écritures. Car vous ne vous réunissez ici fréquemment, et nous ne vous faisons d’amples instructions que pour vous mettre en état de rendre raison de votre foi. (1 Petr. 3, 115)
Mais revenons, s’il vous plait, à notre sujet. Et Dieu appela le firmament, ciel ; et il vit que cela était bon ; observez comme Moïse se proportionna à notre faiblesse. Il a dit de la lumière : et Dieu vit qu’elle était bonne ; et maintenant il dit du firmament ou du ciel, et Dieu vit qu’il était bon. Cette parole nous donne une juste idée de sa beauté : et n’y a-t-il pas lieu de s’étonner que depuis tant de siècles, il la conserve dans tout son éclat ? Il semble même qu’elle augmente avec le cours des années. Au reste, quelle n’est point la splendeur du firmament, puisque Dieu lui-même l’a loué ! Quand on nous présente quelque chef-d’œuvre de l’art, une statue, par exemple, nous en admirons les traits, la pose, la délicatesse, les proportions, l’élégance et les autres qualités, mais qui pourrait célébrer dignement les œuvres de Dieu, surtout lorsqu’il les a lui-même louées ? Moïse ne s’exprime donc ainsi que par condescendance pour notre faiblesse ; et il répète le même éloge après chaque création partielle, afin de réfuter par avance ceux qui, dans le cours des siècles, devaient critiquer l’œuvre divine, et aiguisant leur langue, demander pourquoi le Seigneur a fait telle et telle créature. Il les prévient et les confond par cette seule parole : et Dieu vit que cela était bon. Mais lorsqu’on vous dit que Dieu vit et loua son ouvrage, il faut entendre qu’il l’a loué d’une manière digne de lui. Car Celui qui a créé le ciel, en connaissait la beauté avant que de le produire ; et néanmoins, parce que nous autres hommes, nous sommes si peu intelligents, que nous ne saurions comprendre autrement les choses, il a proportionné les paroles de Moïse à notre faiblesse, et lui a inspiré pour notre instruction ce langage imparfait et grossier.
5. Quand vous élevez donc vos regards vers les cieux et que vous en contemplez la magnificence, l’étendue et la beauté, remontez jusqu’au Créateur, selon ce que dit le Sage que la grandeur et la beauté de la créature peut faire connaître, et rendre en quelque sorte visible le Créateur. (Sag. 19,5) Comprenez aussi, par la création de tant d’éléments divers, quelle est la puissance de votre Maître. Et en effet si l’homme voulait appliquer son intelligence à l’étude de chacune des merveilles de la nature, ou même s’il se bornait à l’examen de sa propre formation, il ne lui en faudrait pas davantage pour proclamer l’ineffable et immense