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prédictions de Dieu lui fut imputée à justice, parce qu’il ne s’était pas arrêté aux raisonnements humains à propos des paroles divines.
Apprenons donc, nous aussi, je vous en conjure, d’après l’exemple du patriarche, à croire aux paroles de Dieu, à ajouter foi à ses promesses, à ne pas écouter uniquement la raison humaine, et à montrer une grande droiture d’esprit. C’est là ce qui nous mettra au nombre des justes et hâtera l’accomplissement des promesses divines. Dieu annonça à Abraham que sa race serait innombrable, et cette prédiction dépassait la nature humaine, aussi sa foi lui fut-elle imputée à justice. Les promesses qu’il nous a faites, si nous y réfléchissons, sont encore bien plus grandes et dépassent encore davantage la nature humaine ; croyons seulement à la puissance qui nous fait ces promesses, afin d’être justifiés par notre foi, et de jouir des biens qui nous sont annoncés. En effet, tout ce qui nous est prédit est supérieur à la raison humaine et dépasse notre pensée, tant ces promesses sont immenses : elles ne s’étendent pas seulement au présent, à la vie d’ici-bas et à la jouissance des choses visibles ; mais quand nous aurons quitté la terre après la corruption de nos corps, quand nos corps auront été réduits en cendres et en poussière, il nous a prédit que nous ressusciterions dans une gloire nouvelle. Il faut donc, dit saint Paul, que ce qu’il y a de corruptible en nous revête l’incorruptibilité, que ce qu’il y a de mortel revête l’immortalité. (1Cor. 15,53) Dieu nous a promis qu’après la résurrection de nos corps, il nous donnerait son royaume pour récompense, avec la société des saints, un repos éternel et des biens ineffables que l’œil n’a pas vus, que l’oreille n’a pas entendus, et qui n’ont jamais pénétré dans le cœur humain. (Id. 11,9) Voyez quelles promesses immenses, quels dons infinis !
6. Méditons à ce sujet, et sachant que Celui qui annonce tout cela ne peut mentir, supportons avec plaisir toutes les luttes de la vertu, afin de jouir des biens qui nous sont annoncés ; ne préférons pas des avantages passagers à notre salut et à un pareil bonheur, et songeons aux récompenses de la vertu plutôt qu’aux efforts qu’elle coûte : ne regrettons pas nos richesses quand il faut en faire part aux pauvres, mais songeons au profit que cet abandon nous procure. Aussi l’Écriture sainte compare l’aumône à une semence pour montrer que nous devons la répandre de bon cœur et avec joie. En effet, ceux qui confient la semence à la terre, l’enfouissent avec joie et sont pleins d’espérance, croyant déjà voir les gerbes remplir leur grenier : à plus forte raison, ceux qui peuvent répandre cette semence spirituelle doivent se réjouir et tressaillir d’aise, puisqu’ils moissonnent dans le ciel après avoir semé sur la terre. En dépensant un peu d’argent, ils obtiendront la rémission de leurs péchés et un motif de confiance devant Dieu ; car grâce à ceux qui reçoivent leurs dons, ils jouiront d’un repos éternel et de la société des saints. Si nous choisissons la continence, n’examinons pas les efforts que coûte la vertu et, ne nous disons pas que la virginité exige bien des luttes, songeons seulement à quelle fin nous sommes destinés ; et grâce à cette pensée constante, nous mettrons un frein à la rage des mauvais désirs, nous résisterons aux révoltes de la chair, et l’espoir de la récompense adoucira nos peines. En effet l’espoir du bien suffit pour nous faire affronter les dangers ; ne doit-il pas, à plus forte raison, nous faire supporter les fatigues qu’entraîne la vertu ? Si vous réfléchissez que vos combats dureront peu de temps, si vous conservez dans tout son éclat la lampe de votre virginité, vous obtiendrez le bonheur éternel et vous entrerez avec l’époux. Il suffit de garder sa lampe allumée et d’avoir une suffisante provision d’huile, je veux dire de bonnes œuvres : comment alors ne franchirez-vous pas facilement tous les obstacles, en songeant à ces paroles de saint Paul : Vivez en paix avec tout le monde, et recherchez la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. (Héb. 12,14) Observez-vous qu’il joint la paix à la sanctification ? C’est parce que Dieu ne demande pas seulement la pureté du corps, mais aussi la paix. L’Apôtre nous le rappelle avec raison et nous avertit sur ces deux points, nous recommandant le repos de la pensée, afin d’éviter le trouble et le tumulte de nos âmes, afin que notre vie soit calme et tranquille, que nous vivions en paix avec tout le monde, enfin, que nous soyons pleins de douceur, de mansuétude et de modération : alors on verra fleurir sur notre visage toutes les couleurs de la vertu. Nous pourrons dès lors mépriser la gloire de la vie présente en travaillant pour la véritable gloire, ne songez qu’à vous affermir dans l’humilité en dédaignant le bonheur d’ici-bas, afin de