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vigilance pour que nous eu tirions plus de fruit. En effet, ce qui ne peut se trouver qu’avec beaucoup de soins et de recherches, se grave mieux dans l’esprit ; au contraire, ce que l’on découvre facilement échappe bien vite à la mémoire. Ne soyons donc point négligents, je vous en prie, mais réveillons notre esprit et plongeons nos regards dans la profondeur des Écritures, afin d’en rapporter un profit plus considérable. Car l’Église de Dieu est un marché spirituel, c’est la maison du médecin des âmes ; il faut faire comme au marché, d’où l’on revient chargé de provisions, comme dans la maison du médecin, d’où l’on rapporte des remèdes pour diverses maladies. Si nous venons ici chaque jour, ce n’est pas simplement pour nous rencontrer et nous séparer ensuite ; nous nous réunissons pour que chacun apprenne quelque chose d’utile et reçoive un remède contre les maux qui le tourmentent. Autrement ce serait le comble de l’absurdité. En effet, quand nos enfants reviennent de l’école, nous leur demandons ce qu’ils ont appris de nouveau, car nous ne les enverrions pas à l’école seulement pour le plaisir d’y filer, si nous ne trouvions pas que leur instruction fait tous les jours des progrès ; nous de même, parvenus à l’âge de raison et fréquentant les écoles spirituelles, ne devons-nous pas y mettre le même soin, puisque le salut de notre âme dépend du fruit que nous y faisons ? Aussi, je vous en prie, que chacun de nous s’examine chaque fois pour voir ce qu’il a retiré de l’instruction de la veille et de celle du jour, afin que nous n’ayons pas l’air de venir ici comme à une promenade. On ne pourra nous accuser, car nous faisons tout ce qui dépend de nous et nous ne négligeons rien de ce qui est en notre pouvoir ; mais cela mettra dans leur tort ceux qui s’irritent contre nous, qui sont inexacts à ces réunions ou qui ne cherchent pas à en profiter davantage, car écoutez ce que dit le Christ à celui qui avait enfoui le talent : Mauvais serviteur, il fallait déposer l’argent chez les banquiers, et je l’aurais retrouvé avec intérêt à mon retour. (Mt. 25,26-27) Et il dit aussi, à propos des Juifs : Si je n’étais pas venu, et si je n’avais point parlé, ils n’auraient point de péché, mais maintenant rien ne les excuse. (Jn. 15,22)
Du reste, nous ne prétendons pas être irréprochable, mais nous désirons vous voir faire des progrès, et il manquerait quelque chose à notre bonheur, quand même nous serions à l’abri de tout reproche, si vous ne montriez pas un zèle digne de nos peines ; car la principale cause de notre joie, c’est de voir vos progrès spirituels. Je sais, il est vrai, que, par la grâce de Dieu, vous avez assez de sagesse pour pouvoir même instruire les autres ; mais, comme le conseille saint Paul, je vous rappelle toutes ces vérités, je réveille votre zèle et votre ardeur, je vous avertis sans cesse, parce que je veux vous voir parfaits et accomplis. C’est pour moi une grande preuve de vos progrès vers Dieu, que votre empressement à venir ici chaque jour et votre avidité pour l’enseignement spirituel. Car, de même que l’appétit de la nourriture matérielle est la meilleure preuve de la santé, de même le désir de la nourriture spirituelle est l’indice le plus sûr d’une âme bien portante. Je vous sais si bien disposés que les plus longs discours ne peuvent jamais vous suffire ni vous rassasier de cette nourriture spirituelle ; aussi je ne cesserai pas, suivant mes forces et les secours de la grâce divine, de travailler pour vous chaque jour et de vous présenter les enseignements des saintes Écritures.
2. Prions donc aujourd’hui le Dieu de miséricorde pour qu’il conduise notre langue à la découverte des vérités que nous cherchons ; et, suivant notre habitude, nous offrirons d’abord à votre charité ce qui vient d’être lu. Le Seigneur apparut à Abram et lui dit : N’avais-je pas raison de vous dire en commençant qu’un grand trésor était caché dans ce peu de paroles ? Voici d’abord un préambule étrange et inouï : Le Seigneur Dieu apparut à Abram. C’est la première fois que nous trouvons dans l’Écriture cette parole : il apparut. Car l’Écriture sainte n’a jamais employé ce mot à propos d’Adam, d’Abel, de Noé ou de tout autre. Pourquoi donc est-il dit : il apparut ? Et comment plus loin est-il dit : Personne ne pourra voir Dieu et rester vivant ? (Ex. 33,20) Que dirons-nous en lisant dans l’Écriture : Il apparut ? Comment apparut-il au juste ? Est-ce que celui-ci vit la substance même de Dieu ? Non, loin de nous cette pensée ! Mais que fut cette vision ? Ce qu’elle fut, Dieu seul le sait ; le juste seul pouvait le voir ; car notre sage et bon Maître sait encore condescendre à la nature humaine pour se manifester aux hommes qui se sont préparés à en être dignes. Il le fait voir par le Prophète, en disant : J’ai multiplié les