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TROISIÈME HOMÉLIE.


Suite, de ces paroles : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre », jusques à celles-ci : « et du soir et du matin se fit le Premier jour, (Gen. 1,1-5)

  • 1. L’Écriture ressemble à une fontaine qui répand ses eaux sans jamais s’épuiser, aussi l’instruction précédente n’a-t-elle pas suffi à l’explication du premier verset de la Genèse. – 2. L’orateur continue donc cette explication, et puis ii dit, en parlant de l’Esprit de Dieu qui était porté sur les eaux, que ces paroles désignent le mouvement et l’activité de l’élément humide. —3. Il nous fait ensuite admirer la puissance divine dans la création et les divers phénomènes de la lumière, et observe que le Seigneur, en déclarant que la lumière était bonne, s’est accommodé à l’usage commun des hommes qui louent un ouvrage fait avec soin. —4. La séparation de la nuit et du jour est, de la part de Dieu, un bienfait qui suffirait seul pour obliger les incrédules à se soumettre à l’autorité de l’Écriture. – 5. L’orateur s’élève alors contre ceux qui prétendent que tout a été fait fortuitement, et que la Providence ne parait point dans la création. – 6. Il les combat par divers raisonnements tirés de cette création même, et termine par une vive exhortation à résister au démon, et à pratiquer toutes les vertus, et spécialement la charité envers les pauvres.


1. La lecture des divines Écritures se compare à un riche trésor. Et en effet, celui qui a un trésor à sa disposition, peut facilement s’enrichir. Et de même, une seule ligne des saintes Écritures, nous offre une rare fécondité de pensées et d’immenses richesses. Mais la parole du Seigneur ne ressemble pas seulement à un trésor ; elle est encore une fontaine qui s’épanche toujours abondante et inépuisable. Hier, nous avons pu nous en convaincre, puisque l’explication de ces premières paroles de la Genèse : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre, a pris tout le temps de l’instruction, sans que nous l’ayons achevée. C’est que ce trésor est riche, et cette fontaine intarissable. Au reste, ne vous étonnez point, mes frères, de notre impuissance, car ceux qui nous ont précédé sont venus, eux aussi, boire à cette source, et ne l’ont point épuisée ; ceux qui nous suivront y viendront également, et ne la tariront point. Tout au contraire, elle croît et grossit à mesure qu’on y puise. Telle est, en effet, la nature des eaux spirituelles de la grâce, qu’elles coulent d’autant plus abondantes qu’on y puise plus fréquemment. Aussi le Sauveur disait-il : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Qui croit en moi, suivant ce que dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son sein. (Jn. 7, 37-38) Ces paroles nous montrent quelle est l’abondance des eaux de la grâce, et puisque ces eaux ne sont pas moins salutaires qu’inépuisables, préparons le vase de notre âme pour les recueillir, et le reporter plein à la maison. Mais comme l’Esprit-Saint épanche plus libéralement les richesses de ses grâces, lorsqu’il trouve un cœur fervent et un esprit attentif, délivrons-nous des inquiétudes de la vie présente, et arrachons les épines qui étoufferaient en nous les germes des bonnes pensées. Notre âme pourra alors se livrer tout entière aux saintes affections de la piété, en sorte que nous ne quitterons point ce temple sans y avoir recueilli d’utiles leçons et de salutaires instructions.
Au reste, pour me faire mieux comprendre, j’ai besoin, mes chers frères, de revenir un peu sur le sujet que je traitai hier, ce sera comme un trait d’union entre ces deux discours. Je vous disais donc, si vous vous en souvenez, que Moïse, en nous racontant l’œuvre de la création, s’exprimait ainsi : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ; or la terre était invisible et informe. Je vous expliquai ensuite pour quels motifs Dieu avait ainsi créé la terre informe et privée de toute parure.