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péchés, au désespoir, puisque nous voyons tant de pécheurs qui reprennent le chemin de la vertu, et parviennent au sommet le plus élevé de la vraie sagesse.
C’est pourquoi, je vous en prie, qu’aucun de vous, quelle que soit la conscience qu’il ait de ses bonnes œuvres, ne s’abandonne à un excès de confiance ; qu’il reste toujours sur ses gardes ; qu’il écoute le bienheureux Paul : Que celui qui croit être ferme prenne bien garde à ne pas tomber. (1Cor. 10,12) De son côté, que celui qui est tombé, au fond même de l’abîme de la malignité, ne désespère pas de son salut, mais considère l’ineffable miséricorde de Dieu ; qu’il écoute, lui aussi, ce que dit le Seigneur par la bouche du prophète : Quand on est tombé, ne se relève-t-on pas ? et, quand on s’est détourné du droit chemin, n’y revient-on plus ? Et ailleurs : Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. (Ez. 18,23) Avez-vous bien compris, mes bien-aimés, que la divine Écriture n’offre rien à notre mémoire qui ne soit pour notre avantage, pour le salut de la race des hommes ? Que chacun de nous donc médite ces choses dans son cœur, et applique à ses blessures les remèdes convenables. Voilà pourquoi l’Écriture offre à tous l’abondance de ses leçons. Il suffit à chacun de nous de vouloir pour y trouver le remède aux maux de notre âme, pour recouvrer promptement la santé ; il suffit de ne pas repousser cette médecine efficace, de l’exercer avec sagesse ; il n’est pour l’homme ni maladie du corps, ni maladie de l’âme qui ne puisse y trouver sa guérison. Comment cela ? répondez-moi, je vous en prie. Quelqu’un se présente ici chargé d’ennuis, accablé de l’inquiétude des affaires ; le chagrin le ronge ; eh bien ! l’homme qui est venu ici, dans ces dispositions, aussitôt qu’il entend la parole du prophète : Pourquoi, mon âme, êtes-vous triste, et pourquoi me troublez-vous ? Espérez en Dieu parce que je dois encore le louer ; il est le salut de mon visage, et mon Dieu (Ps. 6,7) ; le voilà réconforté d’une consolation qui lui suffit, et il s’en va, et il secoue toute cette tristesse. En voici un autre qui souffre d’une extrême indigence, il en est accablé, il s’afflige à voir les richesses abonder chez les autres, à voir leur orgueil superbe, l’étalage, le grand appareil, la pompe qui les escorte ; cet homme entend la voix du même prophète : Jette tous tes soucis dans le sein du Seigneur, et lui-même te nourrira (Ps. 54,22) ; et encore : Ne crains point en voyant un homme devenu riche, et sa maison comblée de gloire, parce que, lorsqu’il sera mort, il n’emportera point tous ces biens. (Ps. 48,17-18) En voici un autre encore : ses ennemis l’entourent de pièges ; les calomnies le poursuivent, et il est dans la douleur ; et il pense que la vie est amère, et nulle part il ne peut trouver de secours parmi les hommes ; cet infortuné apprend du même bienheureux prophète que, dans de telles angoisses, ce n’est pas auprès de l’homme qu’il faut chercher son refuge ; il entend la même voix lui dire : Ils me déchiraient ; pour moi, je priais. (Ps. 108,4)
Voyez-vous où il cherche son secours ? les autres, dit-il, ourdissent leur tissu de ruses, de calomnies et de machinations perfides, mais moi, je me réfugie auprès du mur inexpugnable, vers l’ancre de sûreté, vers le port où les flots sont tranquilles ; c’est-à-dire, j’ai recours à la prière qui supprime pour moi toutes les afflictions, qui me rend tout facile et léger. Un autre est dédaigné, méprisé par ses anciens serviteurs, abandonné par ses amis, et c’est là ce qui le trouble surtout et confond le plus ses pensées ; que celui-là, s’il veut, vienne ici, il entendra la parole du bienheureux : Mes amis et mes proches se sont élevés et déclarés contre moi, et ceux qui étaient prés de moi s’en sont tenus éloignés, et ils me faisaient violence, parce qu’ils cherchaient à m’ôter la vie, et ceux qui cherchaient à m’accabler de maux, tenaient des discours pleins de vanité et de mensonge durant tout le jour. (Ps. 37,11-12) Voyez-vous les trames perfides, continuant jusqu’à ce qu’elles aient donné la mort ? Voyez-vous la guerre sans relâche, ce qu’indique cette expression, Durant tout le jour, ce qui veut dire pendant toute la vie ? Eh bien ! au milieu de ces intrigues, de ces machinations, que faisait-il ? Pour moi, dit-il, j’étais comme sourd, ne les écoutant point ; j’étais comme muet, n’ouvrant pas la bouche ; j’étais comme un homme qui n’entend point et qui n’a rien dans la bouche pour répliquer. (Ps. 37,14-15) Comprenez-vous l’excellence de la sagesse ? la diversité des moyens qui lui ont assuré la victoire ? Les autres tramaient leurs ruses, il se bouchait les oreilles pour ne pas entendre ; les autres, pendant toute la durée du temps, aiguisaient Peur langue et ne faisaient entendre que vanités, mensonges et